Lyrics and translation Isabelle Aubret - Nuit et brouillard (Live - Bobino 2001)

Nuit et brouillard (Live - Bobino 2001)

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

Night and Fog (Live - Bobino 2001)

They were twenty and one hundred, they were thousands
Naked and thin, shivering, in those sealed wagons
Which tore up the night with their beating nails
They were thousands, they were twenty and one hundred

They thought themselves men, were no more than numbers
For a long time their dice had been cast
As soon as the hand falls there remains only a shadow
They were never to see another summer

The monotonous and unhurried flight of time
To survive one more day, one hour, obstinately
How many turns of the wheels, of stops and starts
Which do not end to distill hope

They were called Jean-Pierre, Natacha or Samuel
Some prayed to Jesus, Jehovah or Vishnu
Others did not pray, but what does the sky matter
They simply wanted to no longer live on their knees

They did not all make it to the end of the journey
Those who returned, can they be happy
They try to forget, astonished that at their age
The veins of their arms have become so blue

The Germans watched from the top of the watchtowers
The moon was silent like you were silent
Looking into the distance, looking outside
Your flesh was tender to their police dogs

They tell me now that these words are no longer in vogue
That it is better to sing only love songs
That blood dries quickly when it enters history
And that it is pointless to take a guitar

But who is able to stop me?
The shadow has become human, today it is summer
I would twist the words if they had to be twisted
So that one day the children will know who you were

You were twenty and one hundred, you were thousands
Naked and thin, shivering, in those sealed wagons
Which tore up the night with your beating nails
You were thousands, you were twenty and one hundred