Paroles et traduction Abd al Malik - La gravité

La gravité

A l'arrière train du bus quatorze comme à la remorque de la vie
Je suis amorphe coté fenêtre, les yeux assis dans le vide
A ne surtout pas me demander si la vie me considère comme un brave
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave

Tourner en rond dans ces ruelles de la vie, que même les lampadaires n'éclairent plus
Être baigné dans le noir et pourtant, se croire dans la lumière totalement nu
Sortir la tête de l'eau ou se noyer dans le fantasme
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave

Je me blesse tout le temps avec le tranchant de l'orgueil
Je suis de ceux qui lentement deviennent leur propre cercueil
Je suis aveuglé par des murailles de tours
Je me dis: Il ne peut rien y avoir derrière ces remparts
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave

Avoir la prétention d'être soi, on se connaît toujours trop peu
Donner du sang cette pensée me rend exceptionnel en ce lieu
Provincée mon existence il fut un temps ou Paris, j'y serais allé même à la nage
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave

Au volant de ma Z3 bleue ciel comme aux commandes de ma vie
Je suis les cheveux au vent que cette vie bonde que je conduis
A me demander si je crois en la justice
Je dirais que je suis heureux d'être à ma place
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave

Rouler à fond sur l'autoroute de la vie tellement éclairée qu'on en perd la vue
Prendre son bain debout, un problème des solutions n'en parlons plus
Voir l'argent comme un moyen et non comme une faim, ça calme
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave

Je ne suis pas de ceux qui se considèrent être quelqu'un parce que je suis né avec quelque chose
Je suis tellement égoïste que je pense plus aux autres qu'à moi, c'est drôle
Mais il m'arrive d'être triste et ces joues mouillées se sont de vraies larmes
Même si, je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave

Avoir mal à la bourgeoisie comme Che Guevara
Se lever chaque matin sans réellement savoir pourquoi
Souffrir du non sens, une maladie qui n'épargne aucun personnage
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave

La gravitée, mesdames et messieurs.

Gravity

At the back of the bus fourteen, like at life's trailer hitch,
I'm amorphous by the window, eyes seated in the void,
Not to ask myself if life considers me brave,
I come from a place where everyone indulges in being serious.

Going around in circles in these alleyways of life, that even the streetlights no longer illuminate,
Being bathed in darkness and yet, believing oneself to be in the light, totally naked,
Getting one's head above water or drowning in fantasy,
I come from a place where everyone indulges in being serious.

I hurt myself all the time with the edge of pride,
I am one of those who slowly become their own coffin,
I am blinded by walls of towers,
I tell myself: There can be nothing behind these ramparts,
I come from a place where everyone indulges in being serious.

Having the pretense of being oneself, we always know ourselves too little,
Giving blood, this thought makes me exceptional in this place,
My existence was provincial, there was a time when I would have gone to Paris, even by swimming,
I come from a place where everyone indulges in being serious.

At the wheel of my sky-blue Z3, like at the controls of my life,
I am the hair in the wind, this bouncing life that I drive,
Asking myself if I believe in justice,
I would say that I am happy to be in my place,
I come from a place where nothing is ever really serious.

Driving at full speed on the highway of life, so lit up that you lose your sight,
Taking a shower standing up, one problem, solutions, let's not talk about it anymore,
Seeing money as a means and not as a hunger, it calms you down,
I come from a place where nothing is ever really serious.

I am not one of those who consider themselves to be someone because I was born with something,
I am so selfish that I think more about others than myself, it's funny,
But sometimes I am sad and these wet cheeks are real tears,
Even if, I come from a place where nothing is ever really serious.

Having a grudge against the bourgeoisie like Che Guevara,
Getting up every morning without really knowing why,
Suffering from nonsense, a disease that spares no character,
I come from a place where nothing is ever really serious.
I come from a place where everyone indulges in being serious.

Gravity, ladies and gentlemen.