Paroles et traduction Anne Sylvestre - Comme un grand cerf volant

Comme un grand cerf volant

Avant, avant, je ne saurais pas dire
Ça nous repousse et puis ça nous attire
Avant, on ne sait pas, on ne sait rien
Avant, on n'a qu'un fil entre les mains
Un escalier, la mémoire s'affole
Un grand trou noir qui bruisse de paroles
Un désir fou qui ressemble à la peur
Quelques accords qui étreignent le cœur
Les premiers pas qui vont vers la lumière
Les mains qui battent comme une prière
Tout est possible et rien n'est encore là
On ne sait pas jusqu'où on montera
On a pourtant vérifié les membrures
Pas un accroc, pas une déchirure
Et pas un nœud dans le fil qui retient
Ce grand espoir qui pèse presque rien
Comme un grand cerf-volant
Dont on n'est jamais sûr qu'il va prendre le vent
Ce vaisseau composé de mots et de musique
On le tient dans ses mains, au bout d'un fil magique
On plane et on s'envole, évitant de penser
Qu'en tombant avec lui, on pourrait se briser
Sans prévenir, ça frémit, ça décolle
Un soubresaut, tout à coup ça s'envole
Ça se déplie, ça tourne, ça louvoie
Déchirant l'air avec un bruit de soie
Sans le vouloir, parfois ça nous échappe
Et en douceur il faut qu'on le rattrape
On s'y projette et on devient oiseau
Capable de voler encore plus haut
Et cependant que, dans les airs, il plane
En frissonnant de toutes ses membranes
On le dirige, on en fait ce qu'on veut
On se prendrait pour l'émule des dieux
Pour un sorcier, pour une magicienne
Et notre vie suspendue à la sienne
Ne vaut pas plus que ce bout de chiffon
Gonflé de rêves et de quelques chansons
Comme un grand cerf-volant
Dont on n'est jamais sûr qu'il va prendre le vent
Ce vaisseau composé de mots et de musique
On le tient dans ses mains, au bout d'un fil magique
On plane et on s'envole, évitant de penser
Qu'en tombant avec lui, on pourrait se briser
Et tous ces cœurs qu'à sa suite il entraîne
Sont les rubans qui lui font une traîne
Ils virevoltent et le suivent partout
Et l'on s'inquiète, on se dit qu'on est fous
Ils sont trop haut! Leur confiance est si grande!
Il faudra bien pourtant qu'on redescende
Et qu'on les pose avec tant de douceur
Qu'ils n'aient jamais le temps de prendre peur
Et peu à peu, tirant le fil magique
On rembobine les mots, la musique
Et on se dit avec humilité
Qu'un jour de plus le vent nous a portés
Puis ils repartent avec les yeux qui brillent
Et au dehors, la vie les éparpille
En nous laissant le désir insensé
D'être demain pour tout recommencer
Comme un grand cerf-volant
Dont on n'est jamais sûr qu'il va prendre le vent
Ce vaisseau composé de sons et de paroles
On le tient dans ses mains, attendant qu'il décolle
On plane et on s'envole, évitant de penser
Qu'en tombant avec lui on pourrait se briser
On plane et on s'envole et on s'en va penser
Que cette fois encore, on ne s'est pas brisés

Like a Big Kite

Before, before, I couldn't say
It repels us and then it draws us in
Before, we don't know, we know nothing
Before, we only have a thread in our hands
A staircase, memory panics
A big black hole rustling with words
A mad desire that resembles fear
A few chords that embrace the heart
The first steps that go towards the light
Hands clapping like a prayer
Everything is possible and nothing is there yet
We don't know how high we will climb
We have, however, checked the frame
Not a snag, not a tear
And not a knot in the thread that holds
This great hope that weighs almost nothing
Like a big kite
That we are never sure will catch the wind
This vessel made of words and music
We hold it in our hands, at the end of a magic thread
We glide and fly, avoiding thinking
That falling with it, we could break
Without warning, it trembles, it takes off
A jolt, suddenly it flies away
It unfolds, it turns, it tacks
Tearing the air with a sound of silk
Unintentionally, sometimes it escapes us
And gently we must catch it again
We project ourselves onto it and become birds
Able to fly even higher
And yet, as it glides in the air
Shivering with all its membranes
We direct it, we do what we want with it
We would take ourselves for the emulator of the gods
For a sorcerer, for a magician
And our life hanging by its own
Is worth no more than this piece of cloth
Inflated with dreams and a few songs
Like a big kite
That we are never sure will catch the wind
This vessel made of words and music
We hold it in our hands, at the end of a magic thread
We glide and fly, avoiding thinking
That falling with it, we could break
And all those hearts that it carries in its wake
Are the ribbons that make it a train
They twirl and follow it everywhere
And we worry, we tell ourselves we are crazy
They are too high! Their confidence is so great!
We will have to come down again
And put them down with so much gentleness
That they never have time to be afraid
And little by little, pulling the magic thread
We rewind the words, the music
And we tell ourselves with humility
That one more day the wind has carried us
Then they leave again with shining eyes
And outside, life scatters them
Leaving us with the insane desire
To be there tomorrow to start all over again
Like a big kite
That we are never sure will catch the wind
This vessel made of sounds and words
We hold it in our hands, waiting for it to take off
We glide and fly, avoiding thinking
That falling with it we could break
We glide and fly and we go and think
That this time again, we didn't break