Paroles et traduction Ben Mazué - La résiliation

La résiliation

D'abord, il y aura le manque.
Collé à la peau, chevillé, à nous pourrir la vie, chacun de son côté.
A questionner ce choix, celui d'être parti, et de s'être quitté.
Comme-ci c'était pas assez dur de se séparer, de changer d'existence, d'accepter
De renoncer à l'éternalité de notre co–résidence.
Tous les moments, tous les endroits, se feront l'écho de notre histoire aussi.
Nous rappellerons une anecdote et viendront à l'envie, déclencher un auto-tsunami.
Il nous restera les dossiers à fermer, le quotidien à clôturer, les peurs qu'il faudra
Ceinturer.
L'appartement, les assurances, la paperasse à la con, il faudra tuer notre histoire
à chaque résiliation.
Cette obsession amère, cette souffrance continue, cet appétit désert, le monde qu'on
Regarde par-dessus.
Tantôt on vole, tantôt on chute. Souvent on chute. La tête en bas, au bout de quelques
Mois.
Il nous restera ça.
Une année et deux passeront, la souffrance sera moins vive. Parfois même gageons
Que certains disent qu'elle disparaitra.
On repensera aux vacances, aux beaux endroits, les sourires naissant. On se rappellera
Certains jolis ébats.
Il y aura encore çà et là de notre vie commune. Ce lit, ce canapé et cette lampe
Lune. Un stylo survivant, à l'origine à toi, devenu avec le temps, un marqueur de
Nous.
Là, au bout d'une année ou deux, il nous restera des souvenirs intacts qu'on évoque
Sans haine. Et puis quelques objets qui trahissent naïvement mais sans causer de peine.
Au bout de ce temps-là, il nous restera ça.
Each time we talk about love
It's with always and never
Always and never
Each time we talk about love
It's with always and never
Always and never
Les années passant, quatre, cinq, ça change selon les gens, les souvenirs terniront.
Quelques bribes seulement restées accrochées au cœur mais loin de la raison.
Les objets auront vécu, seront cassés. Le lit le canapé ont étaient remplacés. Plus
Rien ne vit, plus rien n'a survécu. On a rasé notre île.
A force d'oublier pour avancer, pour éviter les rechutes stériles et pour ne pas
Froisser l'amoureuse d'aujourd'hui, on finit par effacer l'amour qui a péri.
Il reste encore cet abonnement à nos deux noms mais qui ne veut plus rien dire.
Alors pour enfin clore cette résiliation, pour enfin en finir, je décide, pourtant on le
Fait jamais, de t'appeler.
Mais ce n'est plus le bon numéro.
Alors je me dis: Voilà, un abonnement à nos
Deux noms, finalement, au bout de ce temps-là,
C'est ce qu'il nous restera .

The Termination

First, there will be the absence.
Stuck to our skin, anchored deep, spoiling our lives, each on our own side.
Questioning this choice, the one to leave, and to have left each other.
As if it wasn't hard enough to separate, to change our existence, to accept
Giving up the eternity of our co-residence.
Every moment, every place, will echo our story too.
We'll recall an anecdote and it will come with the urge to trigger a self-tsunami.
We'll still have files to close, daily routines to shut down, fears that will need
To be contained.
The apartment, the insurances, the damn paperwork, we'll have to kill our story
with each termination.
This bitter obsession, this continuous suffering, this deserted appetite, the world we
Look over.
Sometimes we fly, sometimes we fall. Often we fall. Head down, after a few
Months.
That's what we'll have left.
A year and two will pass, the suffering will be less intense. We can even bet
That some will say it will disappear.
We'll think back to vacations, beautiful places, smiles being born. We'll remember
Some lovely moments of passion.
There will still be remnants of our life together here and there. This bed, this sofa, and this moon lamp.
A surviving pen, originally yours, that over time became a marker of
Us.
There, after a year or two, we'll have intact memories that we evoke
Without hatred. And then a few objects that betray naively but without causing pain.
At the end of that time, that's what we'll have left.
Each time we talk about love
It's with always and never
Always and never
Each time we talk about love
It's with always and never
Always and never
As the years go by, four, five, it changes depending on the people, the memories will fade.
Only a few fragments remain clinging to the heart but far from reason.
The objects will have lived, will be broken. The bed, the sofa have been replaced. Nothing
Lives anymore, nothing has survived. We razed our island.
By dint of forgetting to move forward, to avoid sterile relapses and not to
Offend today's lover, we end up erasing the love that perished.
There is still this subscription in both our names, but it no longer means anything.
So to finally close this termination, to finally end it, I decide, even though we never
Do it, to call you.
But it's not the right number anymore.
So I tell myself: There you go, a subscription in our
Two names, ultimately, after all this time,
That's what we'll have left.