Paroles et traduction Bernard Lavilliers - La Samba

La Samba

La musique a roulé des tempos exotiques
La dame du premier a pigé la rythmique
Et s'est mise à danser, la la la la, sur des airs de tropiques
Et tout le grand standing a dansé la samba
L'immeuble d'à côté qui a le sens critique
Étant standardisé pour le cadre moyen
Bientôt contaminé, la la la la, par le rythme excentrique
A coupé la télé et dansé la samba
Les prolos qui logeaient dans la cité d'urgence
Dont l'insonorité met vite dans l'ambiance
Étaient habitués, la la la la, à suivre les cadences
Et toute la cité a dansé la samba
Une musique morte, impuissante et statique
Suintait par le plafond très aristocratique
Mais la joie authentique, la la la la, remontait des bas-fonds
Monsieur le Directeur prit ses dispositions
Alors les CRS de la répression rythmique
Qui ne balancent pas autrement qu'à la trique
Les oreilles bouchées, la la la la, par d'énormes hublots
Trouvèrent un responsable et firent leur boulot
Z'ont tué le guitariste, lui ont brisé les doigts
Interdit sa musique, surveillé quelques mois
Mais au fond des mémoires, sur des marteaux-pilons
Les compagnons d'usine ont gravé la chanson

The Samba

The music rolled out exotic tempos
The lady on the first floor caught the rhythm
And started dancing, la la la la, to tropical tunes
And the whole luxury building danced the samba
The next-door building with its critical eye
Being standardized for the middle class
Soon contaminated, la la la la, by the eccentric rhythm
Turned off the TV and danced the samba
The proles who lived in the emergency housing
Whose soundproofing quickly sets the mood
Were used to it, la la la la, to following the cadence
And the whole estate danced the samba
A dead, impotent and static music
Oozed through the very aristocratic ceiling
But genuine joy, la la la la, rose from the slums
The Director took his precautions
So the CRS of rhythmic repression
Who can only swing with a baton
Ears plugged, la la la la, with huge portholes
Found a responsible party and did their job
They killed the guitarist, broke his fingers
Banned his music, kept him under surveillance for a few months
But deep in memories, on steam hammers
The factory mates engraved the song