Bradé - Carmen Maria Vega traduction en anglais

Bradé

Le monde autour de lui n'est qu'oppressant silence
Que trouble de temps à autre le moteur d'un frigo
Et quelques clapotis de gouttes qui s'élancent
Se jettent et puis se vautrent au fond d'un lavabo
Le temps s'égraine, long comme un jour sans clope
Il roupille à demi
La tête dans ses manches
Il grogne, il se morfond, maussade misanthrope
Il s'emmerde et gémit
Aujourd'hui c'est dimanche
Aujourd'hui c'est dimanche

Il s'emmerde et gémit
Il a bien grise mine
Mais il s'emmerde autant les jours de semaine
On lui a pris sa vie en prenant son usine
C'est fou comme on s'ennuie sans travail à la chaine
Le temps est si pesant qu'on le dirait solide
On pourrait pour un peu le découper en tranche
Il lui vient par moment des envies de suicide
Il s'emmerde copieusement
Aujourd'hui c'est dimanche
Aujourd'hui c'est dimanche

Il s'emmerde copieusement
Il a des remords
Que faire à cinquante ans quand on s'est fait lourder
Il bossait dignement pour enrichir des porcs
Qui l'expoitaient grassement et puis qui l'ont bradé
Le temps galère en vain
Il nage dans le potage
Dans un visquieux bourbier gluant comme une tanche
Il entend des voisins qui s'engueulent à l'étage
Il s'emmerde à crever
Aujourd'hui c'est dimanche
Aujourd'hui c'est dimanche

L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé
L'homme qui a coulé

L'homme qui a coulé, ruiné son entreprise
S'est fait indemnisé, le voilà millionaire
Pourquoi les ouvriers que cet homme méprise
Ne l'ont pas égorgés comme ils devraient le faire

Et tout à coup le temps
A statufié sa danse
Et puis le cliquetis d'une arme qu'on enclenche
Un bruit assourdissant qui déchire le silence
Le temps est reparti

Aujourd'hui c'est dimanche
Aujourd'hui c'est dimanche
Le monde autour de lui n'est qu'oppressant silence
Que trouble de temps à autre le moteur d'un frigo
La porte s'ouvre
Un cri, le bruit d'une ambulance
Du sang de la cervelle jusque dans les rideaux

Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?
Etait-il si aliéné?

Etait-il si aliéné par trente ans de labeur
Qu'avant de se flinguer
De se faire sauter le caisson
Il n'est pas décidé de vider son chargeur
Dans les têtes du conseil d'administration

Sold Off

The world around him is just oppressive silence
Disturbed from time to time by the hum of a fridge
And a few splashes of drops that leap
Throw themselves and then wallow at the bottom of a sink
Time trickles away, long like a day without a smoke
He dozes off
His head in his sleeves
He grumbles, he mopes, a sullen misanthrope
He's bored and groans
Today is Sunday
Today is Sunday

He's bored and groans
He looks very grey
But he's just as bored on weekdays
They took his life by taking his factory
It's crazy how bored you get without assembly line work
Time is so heavy it feels solid
You could almost cut it into slices
He gets suicidal urges at times
He's thoroughly bored
Today is Sunday
Today is Sunday

He's thoroughly bored
He has regrets
What to do at fifty when you've been fired
He worked with dignity to enrich pigs
Who exploited him handsomely and then sold him off
Time struggles in vain
He swims in the soup
In a viscous quagmire sticky as a tench
He hears neighbours arguing upstairs
He's bored to death
Today is Sunday
Today is Sunday

The man who sank
The man who sank
The man who sank
The man who sank
The man who sank
The man who sank
The man who sank
The man who sank

The man who sank, ruined his company
Got compensated, now he's a millionaire
Why haven't the workers this man despises
Slit his throat like they should

And suddenly time
Has petrified its dance
And then the click of a gun being cocked
A deafening noise that tears through the silence
Time has started again

Today is Sunday
Today is Sunday
The world around him is just oppressive silence
Disturbed from time to time by the hum of a fridge
The door opens
A scream, the sound of an ambulance
Blood and brains all over the curtains

Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?
Was he so alienated?

Was he so alienated by thirty years of labor
That before blowing his brains out
Before blowing his head off
He didn't decide to empty his magazine
Into the heads of the board of directors