Paroles et traduction Charles Aznavour - Aimer

Aimer

Par un frisson léger et presque imperceptible
Le corps ressent soudain comme un mal ignoré
Qui le ronge et le rend vulnérable et sensible
Au charme d'une voix ou d'un nom évoqué, murmuré
Puis viennent les envies, les chaleurs, les vertiges
Les raisons d'espérer et celles d'avoir mal
Les besoins de tendresse enfin qui nous obligent
À trouver merveilleux ce qui n'est que banal
Aimer plus que soi-même
Aimer sans réfléchir
Aimer plus qu'on nous aime
Pour mieux se plaindre et mieux souffrir
Le cœur n'est qu'un organe étranger à ces choses
Qui ne bat ni plus fort ni plus vite, et pourtant
On lui offre une action, on lui donne une prose
Et Dieu seul sait pourquoi on le jette en avant, en tremblant
L'amour vient-il des yeux, de la peau ou du ventre
Pour le localiser, c'est difficile en soi
C'est comme un tourbillon dont on se veut le centre
Et l'on parle de lui pour mieux parler de soi
Aimer plus que soi-même
Aimer sans réfléchir
Aimer plus qu'on nous aime
Pour mieux se plaindre et mieux souffrir
Et bien que tous nos gestes au fond restent les mêmes
On les veut singuliers, on les croit différents
On se sent libre enfin de n'avoir qu'un problème
Que d'aucuns qualifient de simple mal de dent d'un moment
Entre nous, l'être aimé n'a que ce qu'on lui prête
La grâce qu'on lui loue, la beauté qu'on lui crée
Ses formes modelées par nos pensées secrètes
Deviennent œuvre d'art qu'un subconscient a fait
Aimer plus que soi-même
Aimer sans réfléchir
Aimer plus qu'on nous aime
Pour mieux se plaindre et mieux souffrir
Aimer, aimer
Aimer plus que soi-même
Aimer sans réfléchir
Aimer plus qu'on nous aime
Pour mieux se plaindre et mieux souffrir

Love

With a slight and almost imperceptible shudder
The body suddenly feels like an ignored evil
That eats away at it and makes it vulnerable and sensitive
To the charm of a voice or a name evoked, murmured
Then come the desires, the heat, the vertigo
The reasons to hope and those to feel bad
The need for tenderness finally which obliges us
To find marvelous that which is only banal
To love more than oneself
To love without thinking
To love more than one is loved
To better complain and to better suffer
The heart is only an organ foreign to these things
Which beats neither harder nor faster, and yet
We offer it an action, we give it a prose
And God alone knows why we throw it forward, trembling
Does love come from the eyes, from the skin or from the belly
To locate it is difficult in itself
It is like a whirlwind of which one wants to be the center
And we talk about it to better talk about ourselves
To love more than oneself
To love without thinking
To love more than one is loved
To better complain and to better suffer
And although all our gestures basically remain the same
We want them singular, we believe them different
We finally feel free to have only one problem
That some qualify as a simple toothache of a moment
Between us, the beloved being has only what we give it
The grace that one praises it for, the beauty that we create for it
Its forms modeled by our secret thoughts
Become a work of art that a subconscious has made
To love more than oneself
To love without thinking
To love more than one is loved
To better complain and to better suffer
To love, to love
To love more than oneself
To love without thinking
To love more than one is loved
To better complain and to better suffer