Paroles et traduction Charles Aznavour - Et je vais

Et je vais

À la tiédeur d'un toit qui crée la solitude
À la douillette vie des couples désunis
Qui continuent à vivre au gré des habitudes
Je préfère à tout prendre encore l'incertitude et je vais

Aux joies préfabriquées d'un bonheur de routine
À l'inconnue connue qui partage mon lit
À l'amour lézardé qui prépare ses ruines
J'ai choisis quant à moi de trancher mes racines et je vais

Je vais sans but, sans attache, par les villes et par les hameaux
Maniant la fourche ou la hache, pour un peu de pain et d'eau
Pain et d'eau

Je m'éveille au soleil et m'endors sous la lune
Heureux comme l'enfant, libre comme l'oiseau
Jouant à saute coeur de la blonde à la brune
Je ne possède rien mais tout est ma fortune et je vais

Attentif aux chansons que le vent me compose
Au bruissement des feuilles, au murmure de l'eau
Les bruits de la nature et le parfum des roses
Répondent aux questions que souvent je me pose et je vais

Je cours après les fantômes et ma route est indéfinie
Je suis un roi sans royaume, un amoureux de la vie
De la vie

Pour donner à mes jours une vraie raison d'être
Avoir le sentiment que ma vie, je la vis
Et bannir à jamais de mon coeur les peut-être
Je me veux être un homme extérieur aux fenêtres et je vais

Dans le coeur de chacun l'aventure sommeille
Moi pour l'île inconnue qui vit dans mon esprit
Pour toucher le bonheur, chaque jour j'appareille
Et cingle vers un large où dorment des merveilles et je vais

Là où mes pas me conduisent, je ne revois jamais deux fois
Le même clocher d'église, ou la fille qui m'aima
Qui m'aima

Menant d'un pas léger cette vie vagabonde
Qui se moque du temps et des calendriers
Qu'importent les saisons, quand sur la mappemonde
Y a toujours un printemps dans quelque coin du monde et je vais

Un jour, tel ces rafiots qui meurent sur les grèves
Gorgé de souvenirs, repu de liberté
Quand je trébucherai sur le corps de mes rêves
Avec l'amour enfin, je ferai une trêve, je le sais, je le sais et je vais

And I Go

To the tepidness of a roof that breeds solitude,
To the cozy life of broken couples,
Who continue to live according to their habits,
I prefer above all else the uncertainty, and I go

To the prefabricated joys of a routine happiness,
To the known unknown who shares my bed,
To the cracked love preparing its ruins,
I've chosen for my part to sever my roots, and I go

I go aimlessly, unattached, through cities and hamlets,
Wielding the pitchfork or the axe, for a little bread and water,
Bread and water

I wake with the sun and fall asleep under the moon,
Happy as a child, free as a bird,
Playing at love's whim, from blonde to brunette,
I possess nothing, but everything is my fortune, and I go

Attentive to the songs the wind composes for me,
To the rustling of leaves, to the murmuring of water,
The sounds of nature and the scent of roses,
Answer the questions I often ask myself, and I go

I chase after phantoms, and my road is undefined,
I am a king without a kingdom, a lover of life,
Of life

To give my days a true reason for being,
To have the feeling that my life, I live it,
And banish forever from my heart the maybes,
I want to be a man outside the windows, and I go

In everyone's heart, adventure slumbers,
Me, for the unknown island that lives in my mind,
To touch happiness, each day I set sail,
And head towards a sea where wonders sleep, and I go

Where my steps lead me, I never see twice,
The same church steeple, or the girl who loved me,
Who loved me

Leading with a light step this vagabond life,
Which mocks time and calendars,
What do the seasons matter, when on the world map,
There's always a spring in some corner of the world, and I go

One day, like those rafts that die on the shores,
Filled with memories, sated with freedom,
When I stumble upon the body of my dreams,
With love at last, I will make a truce, I know it, I know it, and I go