Paroles et traduction Charles Aznavour - Ils sont tombés (Remastered 2014)

Ils sont tombés (Remastered 2014)

Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi
Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre
Avec des gestes lourds, comme des hommes ivres
Mutilés, massacrés, les yeux ouverts d'effroi

Ils sont tombés en invoquant leur Dieu
Au seuil de leur église ou le pas de leur porte
En troupeaux de désert, titubant en cohorte
Terrassés par la soif, la faim, le fer, le feu

Nul n'éleva la voix dans un monde euphorique
Tandis que croupissait un peuple dans son sang
L'Europe découvrait le jazz et sa musique
Les plaintes des trompettes couvraient les cris d'enfants

Ils sont tombés pudiquement, sans bruit
Par milliers, par millions, sans que le monde bouge
Devenant un instant minuscules fleurs rouges
Recouverts par un vent de sable et puis d'oubli

Ils sont tombés, les yeux plein de soleil
Comme un oiseau qu'en vol une balle fracasse
Pour mourir n'importe où et sans laisser de trace
Ignorés, oubliés, dans leur dernier sommeil

Ils sont tombés en croyant, ingénus
Que leurs enfants pourraient continuer leur enfance
Qu'un jour ils fouleraient des terres d'espérance
Dans des pays ouverts d'hommes aux mains tendues

Moi je suis de ce peuple qui dort sans sépulture
Qui a choisi de mourir sans abdiquer sa foi
Qui n'a jamais baissé la tête sous l'injure
Qui survit malgré tout et qui ne se plaint pas

Ils sont tombés pour entrer dans la nuit
Éternelle des temps, au bout de leur courage
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants d'Arménie

They Fell (Remastered 2014)

They fell without knowing why
Men, women and children who only wanted to live
With heavy gestures, like drunken men
Maimed, massacred, with eyes wide open with terror

They fell, calling on their God
On the threshold of their church or on their doorstep
In desert herds, staggering in a cohort
Overwhelmed by thirst, hunger, iron, fire

No one raised their voice in a euphoric world
As a people wallowed in their own blood
Europe was discovering jazz and its music
The cries of the trumpets drowned out the cries of children

They fell modestly, without a sound
By the thousands, by the millions, without the world moving
Becoming tiny red flowers for a moment
Covered by a wind of sand and then forgotten

They fell, their eyes full of sun
Like a bird that a bullet smashes in flight
To die anywhere and without leaving a trace
Ignored, forgotten, in their last sleep

They fell, believing, ingenuous
That their children could continue their childhood
That one day they would tread on lands of hope
In open countries of men with outstretched hands

I am of this people who sleep without a grave
Who chose to die without renouncing their faith
Who never lowered their heads under the insult
Who survives in spite of everything and who does not complain

They fell to enter the night
Eternal of time, at the end of their courage
Death struck them without asking their age
Because they were guilty of being children of Armenia