Paroles et traduction Edouard Baer - Je voudrais pas crever

Je voudrais pas crever

Avant d′avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d′égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l′étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j′apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L′herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l′Ursula
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J′en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m′ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Non monsieur non madame
Avant d′avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Avant d′avoir goûté
La saveur de la mort...

I Don't Want to Die

Before I've met
The black dogs of Mexico
Who sleep without dreaming
The naked monkeys
Devourers of tropics
The silver spiders
In nests filled with bubbles
Without knowing if the moon
Under her fake thune
Has a sharp side
If the sun is cold
If the four seasons
Are really only four
Without having tried
To wear a dress
On the boulevards
Without having looked
Into a sewer gaze
Without having put my snout
In strange odds and ends
I wouldn't want to end
Without knowing leprosy
Or the seven diseases
That you catch there
The good nor the bad
Would not hurt me
If I knew
That I would have it
And there is also
All that I know
All that I appreciate
That I know that pleases me
The green background of the sea
Where the blades of seaweed waltz
On the undulating sand
The burnt grass of June
The cracking earth
The scent of conifers
And the kisses of her
That this and that
The beauty that you see
My Teddy Bear, the Ursula
Before I've used
Her mouth with my mouth
Her body with my hands
The rest with my eyes
I will not say more, it is necessary
To remain respectful
I wouldn't want to die
Without inventing
Eternal roses
Two-hour days
The sea in the mountains
The mountains in the sea
The end of sorrow
Colourful newspapers
All the happy children
And so many more things
That sleep in the skulls
Of brilliant engineers
Of jovial gardeners
Of concerned socialists
Of urban planners
And thoughtful thinkers
So many things to see
To see and to hear
So much time to wait
To search in the dark
And I see the end
That crawls and approaches
With its ugly face
And opens its arms to me
With its deformed frog
No sir, no ma'am
Before I've tasted
The flavour that torments me
The flavour that is the strongest
Before I've tasted
The savour of death...