Paroles et traduction Gabriel Fauré - Madrigal

Madrigal

Puis-que Mai tout en fleurs
Dans les prés nous réclame.
Viens, ne te lasse pas
De mêler à ton âme
La campagne, les bois,
Les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune
Au bord des flots dormants:
Le sentier qui finit
Où le chemin commence.
Et l'air, et le printemps
Et l'horizon immense.
L'horizon que ce monde
Attache humble et joyeux,
Comme une lèvre au bas
De la robe des cieux.
Viens, et que le regard
Des pudiques étoiles,
Qui tombe sur la terre
À travers tant de voiles.
Que l'arbre pénétré
De parfum et de chants.
Que le souffle embrasé
De midi dans les champs;
Et l'ombre et le soleil,
Et l'onde, et la verdure,
Et le rayonnement
De toute la nature,
Fassent épanouir,
Comme une double fleur,
La beauté sur ton front
Et l'amour dans ton cœur!

Madrigal

Since May adorned with flowers
Beckons us in the meadows.
Come, never tire
Of mingling your soul
With the countryside, the woods,
The charming shadows,
The broad moonlit glades
By the shores of sleeping waves:
The path that ends
Where the road begins.
And the air, and spring
And the vast horizon.
The horizon that this world
Attaches itself to humbly and joyfully,
Like a lip to the hem
Of the robe of the heavens.
Come, and let the gaze
Of the modest stars,
Which falls on the earth
Through so many veils.
That the tree be penetrated
With perfume and songs.
That the breath be kindled
Of noon in the fields;
And the shadow and the sun,
And the wave, and the greenery,
And the radiance
Of all of nature,
May cause to blossom,
Like a double flower,
Beauty upon your brow
And love within your heart!