Paroles et traduction Georges Brassens - La religieuse

La religieuse

Tous les cœurs se rallient à sa blanche cornette
Si le chrétien succombe à son charme insidieux
Le païen le plus sûr, l′athé le plus honnête
Se laisseraient aller parfois à croire en Dieu
Et les enfants de chœur font tinter leur sonnette

Il paraît que, dessous sa cornette fatale
Qu'elle arbore à la messe avec tant de rigueur
Cette petite sœur cache, c′est un scandale
Une queue de cheval et des accroche-cœurs
Et les enfants de chœur s'agitent dans les stalles

Il paraît que, dessous son gros habit de bure
Elle porte coquettement des bas de soie
Festons, frivolités, fanfreluches, guipures
Enfin tout ce qu'il faut pour que le diable y soit
Et les enfants de chœur ont des pensées impures

Il paraît que le soir, en voici bien d′une autre
À l′heure où ses consœurs sont sagement couchées
Ou débitent pieusement des patenôtres
Elle se déshabille devant sa psyché
Et les enfants de chœur ont la fièvre, les pauvres

Il paraît qu'à loisir elle se mire nue
De face, de profil, et même, hélas, de dos
Après avoir, sans gêne, accroché sa tenue
Aux branches de la croix comme au portemanteau
Chez les enfants de chœur le malin s′insinue

Il paraît que, levant au ciel un œil complice
Elle dit "bravo, Seigneur, c'est du joli travail"
Puis qu′elle ajoute avec encore plus de malice
La cambrure des reins, ça, c'est une trouvaille
Et les enfants de chœur souffrent un vrai supplice

Il paraît qu′à minuit, bonne mère, c'est pire
On entend se mêler, dans d'étranges accords
La voix énamourée des anges qui soupirent
Et celle de la sœur criant "encore, encore"
Et les enfants de chœur, les malheureux, transpirent

Et monsieur le curé, que ces bruits turlupinent
Se dit avec raison que le brave Jésus
Avec sa tête, hélas, déjà chargée d′épines
N′a certes pas besoin d'autre chose dessus
Et les enfants de chœur, branlant du chef, opinent

Tout ça, c′est des faux bruits, des ragots, des sornettes
De basses calomnies par Satan répandues
Pas plus d'accroche-cœurs sous la blanche cornette
Que de queue de cheval, mais un crâne tondu
Et les enfants de chœur en font une binette

Pas de troubles penchants dans ce cœur rigoriste
Sous cet austère habit pas de rubans suspects
On ne verra jamais la corne au front du Christ
Le veinard sur sa croix peut s′endormir en paix
Et les enfants de chœur se masturber, tout tristes

The Nun

All hearts are drawn to her white cornette
If the Christian succumbs to her insidious charm
The most secure pagan, the most honest atheist
Would sometimes allow themselves to believe in God
And the choirboys ring their bell

It seems that, under her fatal cornette
That she wears at mass with such rigor
This little sister hides, it is a scandal
A ponytail and garters
And the choirboys fidget in the stalls

It seems that, under her heavy gown of sackcloth
She coquettishly wears silk stockings
Festoons, frivolities, fripperies, lace
Finally, everything it takes for the devil to be there
And the choirboys have impure thoughts

It seems that in the evening, here's another one
At the hour when her sisters are wisely abed
Or piously recite paternosters
She undresses in front of her mirror
And the choirboys have a fever, the poor things

It seems that at leisure she looks at herself naked
From the front, from the side, and even, alas, from the back
After having, without embarrassment, hung her outfit
On the branches of the cross like a coat rack
The evil one insinuates himself among the choirboys

It seems that, raising a knowing eye to heaven
She says "Bravo, Lord, that's a pretty piece of work"
Then she adds with even more malice
The curvature of the loins, that's a godsend
And the choirboys suffer a real torment

It seems that at midnight, good Mother, it's worse
One hears mingled, in strange chords
The enamored voice of the angels who sigh
And that of the sister crying "more, more"
And the choirboys, the wretches, sweat

And the priest, who is amused by these noises
Says to himself with reason that the brave Jesus
With his head, alas, already laden with thorns
Certainly has no need of anything else on it
And the choirboys, shaking their heads, agree

All this is false rumors, gossip, nonsense
Low slander spread by Satan
No more garters under the white bonnet
Than a ponytail, but a shaven head
And the choirboys make faces about it

No disturbing tendencies in this rigorous heart
No suspicious ribbons under this austere habit
We will never see the horn on the forehead of Christ
The lucky one on his cross can fall asleep in peace
And the choirboys, masturbating, all sad