Paroles et traduction Georges Brassens - Le mécréant (Live December 6, 1962)

Le mécréant (Live December 6, 1962)

Est-il en notre temps rien de plus odieux
De plus désespérant, que de n'pas croire en Dieu?
J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier
Mon voisin du dessus, un certain Blais' Pascal
M'a gentiment donné ce conseil amical
" Mettez-vous à genoux, priez et implorez
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez "
J'me mis à débiter, les rotules à terr'
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster
Dans les rues, les cafés, les trains, les autobus
Tous les de profundis, tous les morpionibus
Sur ces entrefait's-là, trouvant dans les orties
Un' soutane à ma taill', je m'en suis travesti
Et, tonsuré de frais, ma guitare à la main
Vers la foi salvatric' je me mis en chemin
J'tombai sur un boisseau d'punais's de sacristie
Me prenant pour un autre, en chœur, elles m'ont dit
" Mon pèr', chantez-nous donc quelque refrain sacré
Quelque sainte chanson dont vous avez l'secret "
Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts
J'entonnai "le Gorille" avec "Putain de toi"
Criant à l'imposteur, au traître, au papelard
Ell's veul'nt me fair' subir le supplic' d'Abélard
Je vais grossir les rangs des muets du sérail
Les bell's ne viendront plus se pendre à mon poitrail
Grâce à ma voix coupée j'aurai la plac' de choix
Au milieu des petits chanteurs à la croix d'bois
Attirée par le bruit, un' dam' de Charité
Leur dit: " Que faites-vous? Malheureus's arrêtez
Y a tant d'homm's aujourd'hui qui ont un penchant pervers
A prendre obstinément Cupidon à l'envers
Tant d'hommes dépourvus de leurs virils appas
A ceux qu'en ont encor' ne les enlevons pas "
Ces arguments massue firent un' grosse impression
On me laissa partir avec des ovations
Mais, su'l'chemin du ciel, je n'ferai plus un pas
La foi viendra d'ell'-même ou ell' ne viendra pas
Je n'ai jamais tué, jamais violé non plus
Y a déjà quelque temps que je ne vole plus
Si l'Eternel existe, en fin de compte, il voit
Qu'je m'conduis guèr' plus mal que si j'avais la foi

The Non-Believer (Live December 6, 1962)

Is there anything more despicable in our time
More disheartening, than not believing in God?
I wish I had the faith, the faith of my coalman
Who is happy as a pope and dumb as a basket
My upstairs neighbor, a certain Blais' Pascal
Kindly gave me this friendly advice
" Get on your knees, pray and implore
Pretend to believe, and soon you will believe "
I started to speak, my kneecaps on the ground
All the Ave Maria, all the Pater Noster
In the streets, the cafes, the trains, the buses
All the de profundis, all the morpionibus
On these occasions, finding in the nettles
A cassock my size, I dressed as one
And, freshly tonsured, my guitar in hand
I set off on the path to saving faith
I came across a bushel of sacristy bugs
Mistaking me for someone else, in chorus, they said
" My father, sing us a sacred refrain
Some holy song whose secret you possess "
Strumming fervently the strings under my fingers
I intoned "the Gorilla" with "Damn you"
Crying out impostor, traitor, hypocrite
They want me to suffer Abelard's punishment
I will swell the ranks of the mute seraglio
The beauties will no longer come to hang on my breast
Thanks to my severed voice I will have the place of choice
In the midst of the little singers with the wooden cross
Attracted by the noise, a lady of Charity
Said to them: " What are you doing? Unfortunate ones, stop
There are so many men today who have a perverse penchant
For stubbornly taking Cupid in reverse
So many men devoid of their virile charm
Let's not take them away from those who still have them "
These sledgehammer arguments made a big impression
They let me go with ovations
But, on the way to heaven, I will not take another step
Faith will come of its own accord or it will not come
I have never killed, never raped
It's been a while since I stole
If the Eternal exists, in the end, he sees
That I behave no worse than if I had faith