Paroles et traduction Georges Brassens - Les amours d'antan (Live February 21, 1960)

Les amours d'antan (Live February 21, 1960)

Moi, mes amours d'antan c'était de la grisette
Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette...
Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu,
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière...
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
Car le cœur à vingt ans se pose où l'œil se pose,
Le premier cotillon venu vous en impose,
La plus humble bergère est un morceau de roi.
Ça manquait de marquise, on connut la soubrette,
Faute de fleur de lys on eut la pâquerette,
Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...
On rencontrait la belle aux Puces, le dimanche:
"Je te plais, tu me plais..." et c'était dans la manche,
Et les grands sentiments n'étaient pas de rigueur.
"Je te plais, tu me plais. Viens donc beau militaire"
Dans un train de banlieue on partait pour Cythère,
On n'était pas tenu même d'apporter son cœur...
Mimi, de prime abord, payait guère de mine,
Chez son fourreur sans doute on ignorait l'hermine,
Son habit sortait point de l'atelier d'un dieu...
Mais quand, par-dessus le moulin de la Galette,
Elle jetait pour vous sa parure simplette,
C'est Psyché tout entier' qui vous sautait aux yeux.
Au second rendez-vous y' avait parfois personne,
Elle avait fait faux bond, la petite amazone,
Mais l'on ne courait pas se pendre pour autant...
La marguerite commence avec Suzette,
On finissait de l'effeuiller avec Lisette
Et l'amour y trouvait quand même son content.
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
Mais c'étaient mes amours, excusez-moi du peu,
Des Manon, des Mimi, des Suzon, des Musette,
Margot la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...

Les amours d'antan (Live February 21, 1960)

My loves of yesterday were grisettes,
Margot, the fair-haired one, and Fanchon, the seamstress...
No noble ladies, forgive me for saying so,
They were, you might say, graces of common stock,
Nymphs of the brook, Venus of the barriers...
My lady, we have the ladies of the past - or so they say...
For the heart at twenty settles where the eye falls,
The first pretty face that comes along impresses you,
The humblest shepherdess is a prize for a king.
We lacked a marquise, we made do with a soubrette,
For want of a fleur-de-lys, we had a daisy,
In the spring, Cupid shoots his arrows anywhere...
We would meet the beauties at the Flea Market on Sundays:
"I like you, you like me..." and it was in the bag,
And grand gestures were not required.
"I like you, you like me. Come on, handsome soldier"
On a suburban train, we would set off for Cythera,
We were not even obliged to bring our hearts...
Mimi, at first glance, seemed rather plain,
In her furrier's shop, they doubtless knew nothing of ermine,
Her dress did not come from the workshop of a god...
But when, at the top of the Moulin de la Galette,
She would cast off her simple finery for you,
It was Psyche in all her glory who would leap into your eyes.
At our second meeting, she would sometimes be gone,
The little amazon had stood us up,
But we did not rush off to hang ourselves for that...
The daisy begins with Suzette,
We finish plucking its petals with Lisette
And love finds its satisfaction nonetheless.
They were, you might say, graces of common stock,
Nymphs of the brook, Venus of the barriers,
But they were my loves, forgive me for saying so,
Manons, Mimis, Suzons, Musettes,
Margot, the fair-haired one, and Fanchon, the seamstress,
My lady, we have the ladies of the past - or so they say...