Paroles et traduction Hubert-Félix Thiéfaine - Exil sur planète fantôme

Exil sur planète fantôme

En ce temps-là nos fleurs
Vendaient leur viande aux chiens
Et nous habitions tous de sordides tripots
Avec des aiguillages pour nos petits matins
Quand le beau macadam nous traitait de salauds
Nous traitait de salauds
Nous vivions nos vertiges dans des vibrations folles
Et gerbions nos enzymes en nous gueulant moteur
Mais entre deux voyages, entre deux verres d'alcool
Nous n'avions pas le temps de décompter nos heures
De décompter nos heures
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie
En même temps que fantômes
Conscients d'être mort-nés
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie

En ce temps-là le rien s'appelait quotidien
Et nous allions pointer dans les jobs interdits
Dans les musiques blêmes, dans les sombres parfums
Dans les dédales obscurs où plane la folie
Où plane la folie
Et nous avions des gueules à briser les miroirs
A ne montrer nos yeux que dans le contre-jour
Mais entre deux délires, entre deux idées noires
Nous étions les plus beaux, nous vivions à rebours
Nous vivions à rebours
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie
En même temps que fantômes
Conscients d'être mort-nés
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie

En ce temps-là les gens s'appelaient citoyens
Nous, nous étions mutants, nous étions androgynes
Aujourd'hui la tempête a lynché mes copains
Et je suis le dernier à rater mon suicide
A rater mon suicide
Mais je veux vivre encore plus ivre de cramé
Je veux ronger le mal jusque dans ses recoins
J'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité
Je n'ai plus rien à perdre, mais j'en veux pour ma fin
J'en veux pour ma faim

Exile on a Phantom Planet

At that time, our flowers
Sold their meat to the dogs
And we all lived in squalid flophouses
With railroad switches for our mornings
When the beautiful asphalt called us bastards
Called us bastards
We lived our vertigoes in mad vibrations
And spewed our enzymes while shouting "engine"
But between two trips, between two glasses of alcohol
We didn't have time to count our hours
To count our hours
We were the dancers of a dying world
As well as phantoms
Aware of being stillborn
We were undertakers of a dying world

At that time, nothing was called daily
And we would stand in line for forbidden jobs
In pale music, in dark perfumes
In obscure labyrinths where madness hovers
Where madness hovers
And we had faces to shatter mirrors
To show our eyes only in the backlight
But between two deliriums, between two dark ideas
We were the most beautiful, we lived backwards
We lived backwards
We were the dancers of a dying world
As well as phantoms
Aware of being stillborn
We were undertakers of a dying world

At that time, people were called citizens
We were mutants, we were androgynes
Today, the storm has lynched my friends
And I'm the last to fail at my suicide
To fail at my suicide
But I want to live even more drunk on burnt
I want to eat away at evil in its nooks and crannies
I have dragged my twenty centuries of uselessness
I have nothing left to lose, but I want some for my end
I want some for my hunger