Paroles et traduction Jacques Brel - Les biches (live olympia 1962)

Les biches (live olympia 1962)

Quand elles s'échappent en riant
Des pâturages de l'ennui
Les biches
Avec des cils comme des cheveux
Des cheveux en accroche-faon
Et seulement le bout des yeux
Qui triche
Si bien que le chasseur s'arrête

Et que je sais des ouragans
Qu'elles ont changés en poètes
Les biches
Et qu'on les chasse de notre esprit
Ou qu'elles nous chassent en rougissant
Elles sont notre premier ennemi
Les biches de quinze ans

Elles sont notre plus bel ennemi
Quand elles ont l'éclat de la fleur
Et déjà la saveur du fruit
Les biches
Qui passent toute vertu dehors
Alors que c'est de tout leur cœur
Alors que c'est de tout leur corps

Qu'elles trichent
Lorsqu'elles broutent le mari
Ou lorsqu'elles broutent le diamant
Sur l'asphalte bleu de Paris
Les biches
Qu'on les chasse à coups de rubis
Ou qu'elles nous chassent au sentiment
Elles sont notre plus bel ennemi
Les biches de vingt ans

Elles sont notre pire ennemi
Lorsqu'elles savent leur pouvoir
Mais qu'elles savent leur sursis
Les biches
Quand un chasseur est une chance
Quand leur beauté se lève tard

Quand c'est avec toute leur science
Qu'elles trichent
Trompant l'ennui plus que le cerf
Et l'amant avec l'autre amant
Et l'autre amant avec le cerf
Qui biche
Mais qu'on les chasse à la folie
Ou qu'elles nous chassent du bout des gants

Elles sont notre pire ennemi
Les biches d'après vingt ans
Elles sont notre dernier ennemi
Quand leurs seins tombent de sommeil
Pour avoir veillé trop de nuits
Les biches
Quand elles ont le pas résigné

Des pèlerins qui s'en reviennent
Quand c'est avec tout leur passé
Qu'elles trichent
Afin de mieux nous retenir
Nous qui ne servons à ce temps
Qu'à les empêcher de vieillir

Les biches
Mais qu'on les chasse de notre vie
Ou qu'elles nous chassent parce qu'il est temps
Elles restent notre dernier ennemi
Les biches de trop longtemps

The Does (Live Olympia 1962)

When they escape, laughing,
From the pastures of boredom
The does
With eyelashes like hair
Hair to snare fawns
And only the tips of their eyes
That cheat,
So much so that the hunter stops

And I know of hurricanes
That they have turned into poets
The does,
And that we drive them out of our minds
Or that they drive us out, blushing
They are our first enemy,
The fifteen-year-old does

They are our most beautiful enemy,
When they have the brilliance of a flower
And already the flavor of fruit
The does,
Who bring out every virtue
While it is with all their hearts
While it is with all their bodies

That they cheat
When they graze on the husband
Or when they graze on the diamond
On the blue asphalt of Paris
The does
That we hunt with rubies
Or that they hunt us with feelings
They are our most beautiful enemy,
The twenty-year-old does

They are our worst enemy,
When they know their power,
But that they know their reprieve
The does
When a hunter is a chance
When their beauty rises late

When it is with all their knowledge
That they cheat
Deceiving boredom more than the stag
And the lover with another lover
And the other lover with the stag
Who plays the doe
But that we hunt them with madness
Or that they hunt us with the tips of their gloves

They are our worst enemy,
The does after twenty years
They are our last enemy,
When their breasts fall with sleep
From having kept watch too many nights
The does
When they have the resigned pace

Of pilgrims who return
When it is with all their past
That they cheat,
In order to hold us better
Us who are only good for this time
To keep them from growing old

The does
But that we drive them out of our lives
Or that they drive us out because it is time
They remain our last enemy
The does of too long