Paroles et traduction James Delleck - Le réverbère

Le réverbère

Du haut de la canopée de béton, je suis d'humeur clair-obscur,
Quand dans ma lueur éclate le sang de vos bavures.
Mon halo lumineux met en lumière toutes vos hontes,
Pendant que la sueur sociale s'accumule à ma base.
À genoux; une jeune mère pleure un sac de course l'anse rompue,
Comme si c'était le signe d'un destin déchu.
De l'aurore à l'aube, j'éclaire sans jamais vaciller
Pour mettre en luminescence vos vies sordides.
Un soir, j'entendis même des SOS stressés,
Les cris d'une fille que l'on salissait près du bloc C
Tout le monde s'en moque, c'est devenu si commun
Que la crasse de vos âmes peut même masquer votre chagrin.
Sous mon oeil de lumière
Sous mon oeil de lumière
Au-dessus de vos corps sans vie, j'inhale les vapeurs de souffrance
Mais quant j'y pense, je ne sais pas si j'en ai encore envie.
Hier j'ai éclairé un chien se faisant débiter
Après avoir été donné en pâture à trois "pits",
Et quand la pluie se mit à tomber le SDF du square Pagnol
Sut que la carcasse accrochée était son ex-compagnon.
J'étais devenu hôtel de sacrifices,
Totem du mâle où se défoulent les fils de pute et leurs vices,
Planté sur l'épicentre du tourment,
Je ne sers plus, ne rassure plus ou rarement.
Alors plutôt que de voir le sol et ses désastres,
Parfois, j'aimerais tourner la tête pour contempler les astres.
Sous mon oeil de lumière
Sous mon oeil de lumière
Sous mon œil de lumière, j'ai la vision trouble
À cause de vos parjures et autres substituts de vie
Noyé dans vos brumes, je ne suis qu'un cierge
Pendant que vous vous débattez comme des carpes sur une berge.
J'ai même éclairé des cavaliers de l'apocalypse en BMW
Faire commerce de mort derrière leurs vitres teintées
Éreinté de voir sans pouvoir;
Miné du haut de ma cime, je m'affaiblis en silence.
Mais là en dessous, je revis la jeune mère et ses mioches,
Décidé a tout plaquer, sans un regret en poche.
Marre d'être rouée de coup, elle se voûte sous ma lueur
Certains la dirons lâche,
Mais moi je m'éteins pour lui faire honneur!

The Streetlamp

From atop the concrete canopy, my mood is chiaroscuro,
As the blood of your blunders explodes in my glow.
My luminous halo highlights all your shame,
While social sweat accumulates at my base.
On her knees; a young mother mourns a shopping bag with a broken handle,
As if it were a sign of a fallen destiny.
From dawn to dusk, I illuminate without ever flickering
To bring your sordid lives into luminescence.
One evening, I even heard stressed SOS,
The cries of a girl being defiled near block C
Everyone scoffs, it's become so common
That the grime of your souls can even mask your sorrow.
Under my eye of light
Under my eye of light
Above your lifeless bodies, I inhale the vapors of suffering
But when I think about it, I don't know if I want to anymore.
Yesterday I illuminated a dog being butchered
After being fed to three "pits",
And when the rain started to fall, the homeless man from Pagnol square
Knew that the carcass hanging was his former companion.
I had become a hotel of sacrifices,
A male totem where sons of bitches and their vices run wild,
Planted on the epicenter of torment,
I no longer serve, no longer reassure, or rarely.
So rather than seeing the ground and its disasters,
Sometimes, I'd like to turn my head to contemplate the stars.
Under my eye of light
Under my eye of light
Under my eye of light, my vision is blurred
Because of your perjuries and other substitutes for life
Drowned in your mists, I am but a candle
While you struggle like carp on a riverbank.
I even illuminated horsemen of the apocalypse in BMWs
Trading death behind their tinted windows
Exhausted from seeing without being able to act;
Undermined from the top of my peak, I weaken in silence.
But down below, I see the young mother and her kids again,
Decided to leave everything behind, without a single regret in her pocket.
Tired of being beaten, she huddles under my glow
Some will call her a coward,
But I'm going out to honor her!