Paroles et traduction Juliette Gréco ‎ - Nos chères maisons (Live, Olympia 1966)

Nos chères maisons (Live, Olympia 1966)

À l′époque où j'étais tôlière
D′un p'tit bordel qu'on a fermé
Je passais des journées entières
À lire Baudelaire et Mallarmé
Le samedi, quelques sous-maîtresses
Que j′avais connues en saison
Venaient m′apporter leur tendresse
Et des nouvelles de leurs maisons

Où sont passées les maisons closes
Où je coulais des jours si doux?
J'avais alors un teint de rose
Et l′on était à mes genoux

Je rencontre mes pensionnaires
-Pauvres enfants!- Sur le boulevard
Elles travaillent en solitaires
Et leur sourire fait peine à voir
Je les amène prendre un verre
De grenadine au bar du coin
Elles me content leurs misères
Hélas! Nos beaux jours sont si loin!

Où sont passées les maisons closes
Où je coulais des jours si doux?
J'avais alors un teint de rose
Et l′on était à mes genoux

Un ami, très riche et très tendre
Qui m'adore depuis vingt ans
Un jour a fini par comprendre
Et m′a rendu le cœur content
Au lieu de la maison douillette
Où l'on venait acheter du bonheur
Il veut m'offrir à La Villette
Un cinéma pour amateurs

Où sont passées les maisons closes
Où je coulais des jours si doux?
J′avais alors un teint de rose
Et chez moi, vous étiez chez vous

Our Dear Houses (Live, Olympia 1966)

Back when I was a sheet-metal worker
In a little brothel that was shut down
I would spend whole days
Reading Baudelaire and Mallarmé
On Saturdays, a few assistant mistresses
I had met during the season
Would come to share their affection
And news of their houses

Where have the whorehouses gone
Where I spent such sweet days?
My complexion was rosy then
And men would fall at my feet

I meet my former tenants
-Poor girls!- On the boulevard
They work as loners now
And their smiles are pitiful
I take them for a drink
Of grenadine at the neighborhood bar
They tell me their sad stories
Alas! Our golden days are long gone!

Where have the whorehouses gone
Where I spent such sweet days?
My complexion was rosy then
And men would fall at my feet

A friend, very rich and very affectionate
Who has adored me for twenty years
Finally understood one day
And made my heart glad
Instead of a cozy house
Where one came to buy happiness
He wants to give me in La Villette
A cinema for movie buffs

Where have the whorehouses gone
Where I spent such sweet days?
My complexion was rosy then
And in my home, you were at home