Paroles et traduction Juliette Gréco ‎ - Voir un ami pleurer

Voir un ami pleurer

Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs
Mais, mais voir un ami pleurer!
Bien sûr, il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr, les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr, nos cœurs perdent leurs ailes
Mais, mais voir un ami pleurer!
Bien sûr, ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr, le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais, mais voir un ami pleurer!
Bien sûr, nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche, on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que, par amour, ils nous lacèrent
Mais, mais voir un ami pleurer!

Witnessing a Friend's Tears

That's for sure, there are the Irish conflicts
And peoples devoid of music
That's for sure, all that lack of tenderness
And America is no more
That's for sure, money has no smell
But the odor does reach your nose
That's for sure, we walk on flowers
But, but to witness a friend's tears!
That's for sure, there are our defeats
And then death, which lurks at the very end
Our bodies already lower their gaze
Surprised to still be standing
That's for sure, the faithless women
And the slaughtered birds
That's for sure, our hearts lose their wings
But, but to witness a friend's tears!
That's for sure, these exhausted cities
By these fifty-year-old children
Our helplessness in helping them
And our loves that suffer from toothaches
That's for sure, time passes too quickly
These subways full of the drowned
The truth that eludes us
But, but to witness a friend's tears!
That's for sure, our mirrors are whole
Neither the courage to be Jewish
Nor the grace to be black
We think we're a wick, but we're just tallow
And all these men who are our brothers
So much so that we're no longer surprised
That out of love, they lacerate us
But, but to witness a friend's tears!