Paroles et traduction Leo Ferré - Le printemps des poètes

Le printemps des poètes

J'ai vécu des printemps fabuleux en hiver
Pendant que le vulgaire était tout emmouflé
Je soufflais sur mes mains à son cul, à son nez
V'là-t'y pas qu'ses bourgeons sortaient m'en jouer un air
V'là-t'y pas qu'ses bourgeons sortaient m'en jouer un air

Le printemps ça s'invente et ça se fout en taule
Le printemps c'est ma mine avec ses airs de chien
Qui vient tout ébahie me montrer tout son bien
Le temps de déposer mon arme de l'épaule
Le temps de déposer mon arme de l'épaule

Et oui, c'est ça monsieur le printemps des poètes
Tout juste un peu d'hiver pour rompre les façons
Un quart d'été, un quart d'automne et des chansons
Et s'il fait encore frais on se met la casquette
Et s'il fait encore frais on se met la casquette

On va faire des pique-niques du côté des ballots
On va se mettre au vert en croyant aux histoires
Et l'on se sent mourir au bord d'une guitare
Quand la mort espagnole envoie son flamenco
Quand la mort espagnole envoie son flamenco

Ce qu'il faut de désirs aux heures de l'ennui
Et ce qu'il faut mentir pour que mentent les choses
Ce qu'il faut inventer pour que meurent les roses
L'espace d'un matin, l'espace d'une nuit
L'espace d'un matin, l'espace d'une nuit

Jamais ne vient l'avril dans le fond de mon coeur
Cet éternel hiver qui bat comme une caisse
Qu'on clouerait sans répit depuis que ma jeunesse
A décidé d'aller se faire teindre ailleurs
A décidé d'aller se faire teindre ailleurs

The Poets' Spring

I've experienced wondrous springs in winter
While the common folk were all bundled up tight
I breathed on my hands and directed the air toward his butt and nose
And wouldn't you know it, his buds came out and played me a tune
And wouldn't you know it, his buds came out and played me a tune

Spring is something you dream up and then throw in a dungeon
Spring is my face with its world-weary look
Who comes all bewildered to show me all her wealth
Just long enough to lay my weapon down
Just long enough to lay my weapon down

Yes, that's it sir, the poets' spring
Just a touch of winter to break up the routine
A quarter of summer, a quarter of autumn, and some songs
And if it's still cold, we'll put on our caps
And if it's still cold, we'll put on our caps

We'll go for picnics by the haystacks
We'll escape into the countryside and believe in stories
And we'll feel like dying on the edge of a guitar
When the Spanish Death sends out its flamenco
When the Spanish Death sends out its flamenco

All the desires you need in the hours of boredom
And all the lies you need to make things lie
All the things you need to make the roses die
For the space of a morning, for the space of a night
For the space of a morning, for the space of a night

April never comes to the depths of my heart
This eternal winter that beats like a drum
That they've been pounding away at relentlessly ever since my youth
Decided to go get her hair dyed somewhere else
Decided to go get her hair dyed somewhere else