Les indifférentes (Les années Odéon 1957-1958) [Récital live à Bobino] - Leo Ferré traduction en anglais

Les indifférentes (Les années Odéon 1957-1958) [Récital live à Bobino]

J'ai pris à Mackie son costume
Mais sa complainte sans appel
Qu'il se la chante à White Chapel
Je suis allergique à la brume,
J'ai acheté avec les rentes
Que me rapportent mes chansons
A un taulier de Barbizon
Une guinguette pas marrante
Même au plus beau de la saison.
C'est pour mes bell's indifférentes
Que je voulais mettre en prison...
Ces filles-là sont toutes celles
Qui, jadis, quand j'avais du coeur
M'assassinaient d'un air moqueur
Ou bien se prétendaient pucelles...
Leurs prénoms c'est monnaie courante
L'important c'est qu'elles soient là
En frêles robes de gala
Et qu'elles soient restées charmantes
Mes Virginies de cinéma
Elles ne sont plus indifférentes
Elles ont maintenant peur de moi...
Ell's ne seront plus à personne
Elles garderont leur beauté
Pas plus qu'il n'y aura d'été
Pour elles ne viendra l'automne...
Dans ce jardin où se lamente
A tout jamais le vent d'hiver
Sur le pick-up c'est le même air
D'une musique sidérante
Et qui leur tape sur les nerfs.
Et mes belles indifférentes
Sont sensibles à ce truc pervers...
Il faut les voir quand je radine
Grandi par mes talons bottiers
Et que je prends un air altier
En faisant siffler ma badine...
Elles m'apportent déférentes
Mes cigarettes et mon whisky
Mais je ne dis jamais merci
Et garde une moue méprisante
A la manière de Mackie
Et mes belles indifférentes
De leurs mains glacées me supplient...
Elles supplient pendant des heures
Ce n'est pas du travail bâclé,
Et tout à co
Up je ferme à clé
Et je les laisse là qui pleurent...
N'écoutez pas les gens qui mentent
En disant qu'ils ont rencontré
L'une ou l'autre, ce n'est pas vrai
C'est des sosies ou des parentes
Les vraies de vrai sont enfermées
Dans ma guinguette pas marrante
D'où ell's ne sortiront jamais...
Mes vraies, mes bell's indifférentes
Que je n'ai pas cessé d'aimer.

Les indifférentes (Les années Odéon 1957-1958) [Récital live à Bobino]

I've taken Mackie's suit from him,
But his mournful complaint is without appeal
Let him sing it in White Chapel
I'm allergic to the fog
I bought with the earnings
That my songs bring me
From a barman in Barbizon
A dance hall that's no fun
Even at the height of the season.
It's for my beautiful, indifferent ladies
That I wanted to put in prison...
These girls are all those
Who, in the past, when I had a heart
Murdered me with a mocking air
Or else pretended to be maidens...
Their first names are common currency
The important thing is that they are there
In their flimsy evening gowns
And that they have remained charming
My Virginias from the movies
They are no longer indifferent
They are now afraid of me...
They will no longer belong to anyone
They will keep their beauty
No more than there will be summer
Autumn will not come for them...
In this garden where the winter wind
Lament forever
On the record player is the same tune
Of a haunting music
That gets on their nerves.
And my beautiful indifferent ladies
Are sensitive to this perverse thing...
You should see them when I become stingy
Made taller by my cowboy boots
And when I take on a haughty air
As I whistle my cane...
They bring me, with deference
My cigarettes and my whiskey
But I never say thank you
And keep a disdainful pout
In the manner of Mackie
And my beautiful indifferent ladies
Beseech me with their icy hands...
They beseech me for hours
This is no half-hearted work
And all at once
Up I lock the door
And I leave them there crying...
Don't listen to the people who lie
By saying that they have met
One or the other, it's not true
They're look-alikes or relatives
The real ones are locked up
In my dance hall that's no fun
From which they will never escape...
My real, my beautiful, indifferent ladies
Whom I have never stopped loving.