Paroles et traduction Leo Ferré - A mon enterrement

A mon enterrement

A Mon Enterrement j'aurai des cheveux blancs
Des dingues et des Pop aux sabots de guitare
Des cheveux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux
Hennissant des chansons de nuit quand y'en a marre
J'aurai des mômes de passe, ceux que j'ai pas finis
Des filles de douze ans qui gonflent sous l'outrage
Des Chinoises des Russes des Nordiques remplies
Des rues décapitées par des girls de passage

A Mon Enterrement

Et je ferai l'amour avec le croque-mort
Avec sa tête d'ange et ses dix-huit automnes
Douze pour la vertu et six mourant au port
Quand son navire mouillera comme un aumône
A Mon Enterrement j'aurai un cur de fer
Et me suivrai tout seul sur le dernier bitume
Lâchant mon ombre enfin pour me mettre en enfer
Dans le dernier taxi tapinant dans la brume

A Mon Enterrement

Comme un pendu tout sec perforé de corbeaux
A Mon Enterrement je gueulerai quand même
J'aurai l'ordinateur facile avec les mots
Des cartes perforées me perforant le thème
Je mettrai en chanson la tristesse du vent
Quand il vient s'affaler sur la gueule des pierres
La nausée de la mer quand revient le jusant
Et qu'il faut de nouveau descendre et puis se taire

A Mon Enterrement

A Mon Enterrement je ne veux que des morts
Des rossignols sans voix des chagrins littéraires
Des peintres sans couleurs des acteurs sans décor
Des silences sans bruits des soleils sans lumière
Je veux du noir partout à me crever les yeux
Et n'avoir jamais plus qu'une idée de voyance
Sous l'il indifférent du regard le plus creux
Dans la dernière métaphore de l'offense

A Mon Enterrement

At My Burial

At my burial, I'll have white hair
Loonies and rockers with guitar hooves
Hair full of daisies in their eyes
Neighing out night songs when they've had enough
I'll have passing kids, the ones I haven't finished
Twelve-year-old girls swelling with outrage
Chinese, Russian, Nordic girls, full of it
Streets decapitated by passing girls

At my burial

And I will make love to the undertaker
With his angel face and his eighteen autumns
Twelve for virtue and six dying in the harbor
When his ship moors like an alms
At my burial, I'll have a heart of iron
And I will follow myself alone on the last asphalt
Dropping my shadow at last to put myself in hell
In the last taxi, hustling in the mist

At my burial

Like a dry hanged man riddled with crows
At my burial, I will still yell
I'll have it easy with the words, with computers
Punch cards punching my theme
I will sing the wind's sadness
When it comes crashing down on the face of the stones
The sea's nausea when the tide ebbs
And when it's time again to go down and be silent

At my burial

At my burial, I want only the dead
Nightingales without voices, literary sorrows
Painters without colors, actors without sets
Silences without noise, suns without light
I want black everywhere to blind my eyes
And to never have again but a vision of foresight
Under the indifferent eye of the hollowest gaze
In the last metaphor of offense

At my burial