Paroles et traduction Lucio Bukowski - Rubaïyat

Rubaïyat

J'fabrique des villes avec du carton pâte, je joue à Dieu en veston pâle
Me souviens que mes vestiges sont branlants, n'restons pas là
Explorer les terres neuves même au cœur de nos vies d'chiens
La trentaine et mille cent par mois, encaisse ton râle
En guest on marche, en anonyme on crève: logique
Tous veulent être célèbre pour ne jamais mourir: étrange cogite
Disons que les vers ne feront pas l'tri, leurs cœurs sont des Cocytes
Au fond, l'enfer n'est qu'une série comique
Projection de couleurs fades puisque l'art est de son temps
Chacun ses mauvais goûts tant que le monde est consentant
N'y a t-il rien qui cloche dans la structure de nos pensées? Ça sonne étrange, hein?
On s'en fout d'comprendre tant qu'on s'entend
Chacun son avis sur rien, ça aide à détester les autres
Ceux qui vont plus loin, merde, s'avèrent admonester des hôtes
J'avais une citation de Kant, l'ai oubliée (tant mieux)
J'm'éloigne de leur morale, les laisse compter les fautes

J'ai vu l'orchidée s'ouvrir à la surface du cachot d'une dalle
J'ai vu l'amitié sourire sous le halo d'une flamme
Et, chaque jour, je remercie qui voudra bien l'entendre
L'arbre de vie plonge ses racines sous la peau d'une femme

J'ai vu l'orchidée s'ouvrir à la surface du cachot d'une dalle
J'ai vu l'amitié sourire sous le halo d'une flamme
Et, chaque jour, je remercie qui voudra bien l'entendre
L'arbre de vie plonge ses racines sous la peau d'une femme

La création du paradis n'est qu'une gouache de gosse
Transformée en bordel, Eve a le dass sous une masse de gloss
Adam aime le fric, l'arme et le pouvoir
J'préfère ma vie de perdant que prendre une gâche de boss
Pas de noces pour le mariage du Ciel et de l'Enfer
William Blake laisse parler le Diable, moi, je l'enterre
Rien à foutre de son costard et de ses fins champagnes
Saint sans pagne, empereur sans arme et paysan sans terre
Ce dont je rêve, c'est que le monde rompe son jeun (amen)
M'égarer un soir dans une seule larme de rhum amer
Depuis un bout de Palestine, le poète a dit:
"Si je mourais, j'aurais honte des larmes de ma mère"
Vivre indépendant, c'est habiter les terres fertiles qu'on fonde
Le reflet d'un reflet n'est pas signe de réflexion profonde
Laisse la mise en abîme aux amateurs de Eyck
J'reste dans le réel, attaque l'épreuve du temps présent aux frondes
Je refuse, car je le peux, car je le dois
Ne crois qu'en l'invisible, étrange car je le vois
Et Saint Thomas se serait senti bien con l'œil dans un microscope
À constater dans quoi la création de Dieu se noie
Ils recherchent des thèmes car les cases les rassurent
Ils recherchent des lois car les castes les assument
Ils recherchent des armes car ils pensent se prémunir
Mais s'enlisent dans les sables de Goya, sans la peinture

J'ai vu l'orchidée s'ouvrir à la surface du cachot d'une dalle
J'ai vu l'amitié sourire sous le halo d'une flamme
Et, chaque jour, je remercie qui voudra bien l'entendre
L'arbre de vie plonge ses racines sous la peau d'une femme

Rubaïyat

I build cities with papier-mâché, I play God in a pale suit
Remember that my vestiges are shaky, let's not stay here
Explore new lands even in the heart of our dog lives
Thirty years old and eleven hundred a month, cash your death rattle
As a guest we walk, anonymously we create: logic
Everyone wants to be famous so they never die: strange thought
Let's say that the worms won't sort, their hearts are oocytes
Deep down, hell is just a sitcom
Projection of dull colors because art is of its time
Everyone has their bad taste as long as the world consents
Is there nothing wrong with the structure of our thoughts? Sounds strange, huh?
We don't care to understand as long as we get along
Everyone has their opinion on nothing, it helps to hate others
Those who go further, shit, turn out to admonish guests
I had a quote from Kant, forgot it (good riddance)
I'm moving away from their morals, let them count the mistakes

I saw the orchid open on the surface of a dungeon slab
I saw friendship smile under the halo of a flame
And every day, I thank whoever will listen
The tree of life plunges its roots under a woman's skin

I saw the orchid open on the surface of a dungeon slab
I saw friendship smile under the halo of a flame
And every day, I thank whoever will listen
The tree of life plunges its roots under a woman's skin

The creation of paradise is just a kid's gouache
Transformed into a brothel, Eve has her ass under a mass of gloss
Adam loves money, weapons and power
I prefer my loser life to taking a boss's blunder
No wedding for the marriage of Heaven and Hell
William Blake lets the Devil speak, me, I bury him
Don't give a damn about his suit and his fine champagnes
Saint without loincloth, emperor without weapons and peasant without land
What I dream of is that the world breaks its fast (amen)
To lose myself one evening in a single tear of bitter rum
From a piece of Palestine, the poet said:
"If I died, I would be ashamed of my mother's tears"
To live independently is to inhabit the fertile lands that we found
The reflection of a reflection is not a sign of deep thought
Leave the mise en abyme to Eyck lovers
I stay in the real, attack the test of the present time with slingshots
I refuse, because I can, because I must
Only believe in the invisible, strange because I see it
And Saint Thomas would have felt like a fool with his eye in a microscope
To see what God's creation is drowning in
They are looking for themes because the boxes reassure them
They are looking for laws because the castes assume them
They are looking for weapons because they think they are protecting themselves
But get bogged down in the sands of Goya, without the paint

I saw the orchid open on the surface of a dungeon slab
I saw friendship smile under the halo of a flame
And every day, I thank whoever will listen
The tree of life plunges its roots under a woman's skin