Paroles et traduction Manset - À qui n'a pas aimé - Remasterisé en 2016

À qui n'a pas aimé - Remasterisé en 2016

A qui n'a pas connu l'amour,
N'a pas aimé,
A qui n'a pas touché
Ses lèvres embaumées,
N'a pas senti sur lui
Son regard lourd,
Ses yeux de maladie,
De fièvre désarmée.

A qui n'a pas touché du doigt
La plaie profonde,
La déchirure de l'être aimé
Que tout inonde,
L'or qu'est devenu
Sans qu'on l'ai voulu
Le quotidien des choses
De la banalité,

Comme une plante arrachée
A la terre, au fumier,
Comme une main
Qu'on a lâchée

Mais c'est sans doute là-haut,
Dans la félicité,
Que ceux là seront atteints
De cécité
Et réunis sans devoir se cacher,
Aveugles sur le monde
Et sur sa cruauté

Comme une fleur arrachée
A la terre, au fumier,
Comme une main
Qu'on a lâchée.

A qui n'a pas subi sur lui
Cette caresse,
A qui n'a pas touché du doigt
Cette herbe épaisse
Qui frissonne et se courbe
Comme avant
Mais ces trous sont ses yeux
Par où passe le vent

Et tout ceci finit par m'être indifférent.
Peut-être disparaître
Dans le pli du néant,
D'avoir été ensemble,
De n'être plus
Que ce qui dans les larmes
Et dans l'eau se dilue

Comme une plante arrachée
A la terre, au fumier
Qui par sa tige reste attachée
Et ne peut ni grandir ni périr ni passer,
Simplement dépérir,
A qui n'a pas aimé

To Who Didn't Love - Remastered in 2016

To you who haven't known love,
Haven't loved,
To you who haven't touched
Her fragrant lips,
Haven't felt on you
Her heavy gaze,
Her eyes of illness,
Of disarmed fever.

To you who haven't touched with your finger
The deep wound,
The tear of the beloved
That floods everything,
The gold that has become
Without us willing it
The daily routine
Of banality,

As a plant uprooted
From the earth, from the manure,
As a hand
That has been let go

But it is doubtless up there,
In bliss,
That those will be struck
With blindness
And reunited without having to hide,
Blind to the world
And to its cruelty

As a flower uprooted
From the earth, from the manure,
As a hand
That has been let go.

To you who haven't endured
This caress on you,
To you who haven't touched with your finger
This thick grass
That shivers and bows
As before
But these holes are its eyes
Through which the wind passes

And all this ends up being indifferent to me.
Perhaps disappearing
In the fold of nothingness,
From having been together,
From being no more
Than that which in tears
And in water dilutes itself

As a plant uprooted
From the earth, from the manure
Which through its stem remains attached
And can neither grow nor perish nor pass,
Simply wither away,
To you who haven't loved