Paroles et traduction Michel Bühler - Ici

Ici

Ici, le jour s'allume dans les yeux des usines
Les rues sont noires encore, quand partent travailler
Dans la neige, ces ombres qu'attendent les machines
La fatigue d'hier, il faudra l'oublier
Il semble que l'hiver, le silence et la mort
Ont cerné nos maisons de toute éternité
Ici, le jour commence avant l'aurore

Ici, le printemps vient, comme une femme aimée
Qui s'abandonne enfin. L'eau ruisselle partout
Il gèle encore, bien sûr, au fond de la vallée
Mais dans le bois secret on entend le coucou
Un tracteur passe, dans la brume qui s'étire
Les écoliers se hâtent, une écharpe à leur cou
Ici, en mai, on apprend à sourire

Ici, quand le soleil écrase le village
La vie s'arrête un peu pour écouter la vie
Qu'on soit de la scierie, des forges ou du garage
On s'assied aux terrasses et l'on croit au midi
La montagne, avant-hier, a plié sous l'orage
Dans la poussière des blés, juillet s'est endormi
Ici, l'été, on parle de voyages

Ici, l'automne est rouge dans les forêts de hêtres
Sur le pas de sa porte, l'homme se tient debout
Avec ses mains meurtries, il est comme le maître
Du soir bleu qui descend sur ce pays si doux
On a fait sa journée, on a laissé sa trace
La nuit peut revenir, il y a du vin chez nous
Ici, l'automne, on sait le temps qui passe

Here

Here, the day ignites in the eyes of the factories,
The streets are still dark, when they leave for work.
In the snow, these shadows awaited by the machines,
Yesterday's fatigue, my love, it must be forgotten.
It seems that winter, silence, and death,
Have surrounded our homes for all eternity.
Here, the day begins before dawn.

Here, spring comes, like a beloved woman
Who finally gives herself. Water flows everywhere.
It still freezes, of course, at the bottom of the valley,
But in the secret wood, we hear the cuckoo.
A tractor passes, in the stretching mist,
Schoolchildren hurry, a scarf around their neck.
Here, in May, we learn to smile, my dear.

Here, when the sun crushes the village,
Life stops for a moment to listen to life.
Whether we are from the sawmill, the forges or the garage,
We sit on the terraces and believe in midday.
The mountain, the day before yesterday, bent under the storm,
In the dust of the wheat, July has fallen asleep.
Here, in summer, darling, we talk of travels.

Here, autumn is red in the beech forests,
On his doorstep, man stands tall.
With his bruised hands, he is like the master
Of the blue evening descending on this gentle land.
We have done our day's work, we have left our mark,
Night can return, there is wine at our house, my sweet.
Here, in autumn, we know the time that passes.