Paroles et traduction Michel Fugain - Dans mes poches

Dans mes poches

Alors que je rentrais d'une soirée mondaine
Je me suis fait serrer du côté d'la Madeleine
Faut dire que le champagne ayant coulé à flot
J'étais moins près de chez moi que proche de l'Ohio
Les flics m'ont reconnu, vu que je suis un people
Ce qui m'a évité de me faire casser la gueule
Mais j'ai pas pu couper au soufflage dans le ballon
Et vu la couleur du bidule j'étais marron

J'étais prêt à passer ma nuit à dégriser
J'voyais déjà les points d'mon permis s'envoler
Là-dessus pour m'emmerder et pensant découvrir
Des substances illicites et de l'herbe qui fait rire
Une fliquette zélée et pourtant pas trop moche
Sur un ton péremptoire me dit de vider mes poches
Ok.ok d'accord j'ai rien à me reprocher
Et docile, j'obtempère, j'commence à déballer

50 centimes d'euro, une pièce de 100 sous
Une grue en Meccano, des albums de Spirou
La jupe de ma maman en vichy rouge et blanc
Qui annonçait le printemps

De beaux soldats de plomb et même un lance pierre
Ma cantine en carton, la traction de mon père
Notre grande maison, la canne de mon grand-père
Et la crème de marrons de ma grand-mère
Un T-Rex arrogant, l'homme de Neandertal
L'olifant de Roland, son épée Durandal
Le fameux cheval blanc et l'panache d'Henri 1V
Le nez de Cléopâtre

Le menhir d'Obélix, le chêne de St-Louis
Un Vercingétorix, un Saint-Exupéry
Le petit prince qui ma dit qu'il reviendrait mardi
Mais là j'avais déjà grandi

Stop, stop, stop n'en jetez plus, ca fout l'bordel, ca fout l'bordel
Stop, stop, stop n'en jetez plus, ca fout l'bordel dans la rue

Le gradé qui gueulait, au bord d'l'apoplexie
Que j'étais une menace pour l'ordre établi
Que tout ça c'était louche qu'ça sentait la magouille
D'avoir autant de choses inutiles dans les fouilles
Et la fliquette aussi devenait hystérique
Car dans tout ce merdier pas une trace de hakik
N'y tenant plus elle craque, y met les mains et crac
Elle craque mon futal et là, tout sort en vrac

Le baptême de Clovis et le vase de Soissons
La place de Vallauris où y a l'homme au mouton
Mon tout premier Levis pas encore 501
Et le Gaffiot pour le latin

Un Teppaz un peu naze pour écouter du jazz
Miles Davis et Parker, une mob et un flipper
Un vilain duffle-coat, un Godard, un Truffaut
Et un ascenseur pour l'échafaud

Une guerre en Algérie, un pavé de Paris
Quatre gars de Liverpool et des pierres qui roulent
Une déclaration des droits de l'homme et du citoyen
Un morceau du mur de Berlin

Quelques révolutions de juillet ou d'octobre
Et le fameux engin du docteur Guillotin
L'Orphée de Jean Cocteau, le penseur de Rodin
Et le Guernica de Picasso

Stop, stop, stop n'en jetez plus, ca fout l'bordel, ca fout l'bordel
Stop, stop, stop n'en jetez plus, ca fout l'bordel dans la rue

C'est vrai que ca commençait à faire un peu barrage
Et Paris n'était plus qu'un gros embouteillage
Les flics étaient furax et passaient pour des cons
La fliquette ne trouvant ni coke ni chichon
Et avec le mépris dont les bourgs ont le secret
Ils m'ont intimé l'ordre de dégager vite fait
Et à une heure du mat, je me suis retrouvé
A tout remettre dans mes poches et à tout remballer

Parlé:
Et encore tout n'était déballé, il restait une barbe fleurie
Une poule au pot, une étoile jaune. un chiffon rouge, un taxi de la Marne
La danse de Matissee, une Giassost, un Gorbatchev
La godasse de Krouchtchev, un Molière, un Shakespeare
Une empreinte de pas sur la lune, une Cadillac à Dallas
Des tours jumelles, sept moines de Tibhirine, une truie bleu marine
Je vais pas en faire toute une histoire mais l'avantage de ce grand déballage
C'est que les flics étaient tellement pressés que je dégage
Que j'ai pas eu ma prune

In My Pockets

As I was coming home from a fancy soirée,
I got pulled over near La Madeleine.
Gotta say, the champagne had flowed freely,
I was closer to Ohio than home, you see.
The cops recognized me, since I'm a public figure,
Which saved me from getting my face rearranged.
But I couldn't escape blowing into the balloon,
And considering the gadget's color, I was doomed.

I was ready to spend my night sobering up,
I could already see my license points disappear.
Then, to annoy me, thinking they'd discover
Illicit substances and giggle-inducing herb,
A zealous policewoman, not too bad looking though,
In a peremptory tone, told me to empty my pockets, so.
Okay, okay, I've got nothing to hide,
And obediently, I comply, starting to unload inside.

Fifty euro cents, a hundred-sou coin,
A Meccano crane, some Spirou comics, a fine join.
My mom's red and white gingham skirt,
The one that heralded the spring's gentle flirt.

Some handsome lead soldiers, even a slingshot I hold dear,
My cardboard lunchbox, my father's Citroen, it's clear.
Our big house, my grandfather's cane so grand,
And my grandmother's chestnut cream, a treat from her hand.
An arrogant T-Rex, the Neanderthal man,
Roland's olifant, his sword Durandal, the plan.
The famous white steed and the plume of Henry IV,
Cleopatra's nose, a historical give.

The menhir of Obelix, the oak of Saint Louis bold,
A Vercingetorix, a Saint-Exupéry, stories told.
The little prince who told me he'd return Tuesday,
But by then, I had already grown, it's true, say hey.

Stop, stop, stop, don't throw any more, it's making a mess, a dreadful bore,
Stop, stop, stop, don't throw any more, it's cluttering the street to the core.

The officer, yelling, on the verge of a stroke,
Said I was a threat to the established folk.
That all this was fishy, smelled like a scam,
Having so much useless stuff in my jam.
And the policewoman too was getting hysterical,
Cause in all this mess, no trace of anything medical.
She couldn't take it anymore, she put her hands in and crack,
She ripped my pants, and everything spilled out, alack.

The baptism of Clovis and the vase of Soissons,
The square in Vallauris with the man and his fawns.
My very first Levis, not yet 501,
And the Gaffiot dictionary for Latin, oh my.

A slightly worn-out Teppaz to listen to jazz's sway,
Miles Davis and Parker, a scooter and a pinball to play.
An ugly duffle coat, a Godard, a Truffaut,
And an elevator to the scaffold, a grim plot.

A war in Algeria, a cobblestone from Paris' embrace,
Four lads from Liverpool and some rolling stones in this place.
A declaration of human and citizen's rights I proclaim,
A piece of the Berlin Wall, a symbol of the same.

A few revolutions, July or October's fight,
And the infamous contraption of Doctor Guillotin's might.
Jean Cocteau's Orpheus, Rodin's thinker deep in thought,
And Picasso's Guernica, a masterpiece dearly bought.

Stop, stop, stop, don't throw any more, it's making a mess, a dreadful bore,
Stop, stop, stop, don't throw any more, it's cluttering the street to the core.

It's true it was starting to create quite a scene,
And Paris was nothing but a massive traffic machine.
The cops were furious, looking like fools, you see,
The policewoman finding neither coke nor weed, oh me.
And with the disdain that small towns hold so tight,
They ordered me to clear out, and quick, with all my might.
And at one in the morning, I found myself once more,
Putting everything back in my pockets, just like before.

Spoken:
And even then, not everything was unpacked, there was still a flower-power beard,
A chicken in a pot, a yellow star, a red rag, a taxi from the Marne, so weird.
Matisse's dance, a Giassost, a Gorbachev,
Khrushchev's shoe, a Molière, a Shakespeare, a laugh.
A footprint on the moon, a Cadillac in Dallas' plight,
Twin towers, seven monks from Tibhirine, a navy blue sow in sight.
I won't make a big deal out of it, but the advantage of this big unpacking spree,
Is that the cops were in such a hurry for me to leave, you see,
That I didn't get my fine, oh glee.