Paroles et traduction Mokless' feat. Olivier Besancenot - On s'habitue à tout

On s'habitue à tout

[Intro: Olivier Besancenot]
Mais comment on peut s'habituer à tout?
On s'habitue aux licenciements, aux suicides au travail
On s'habitue aux sans-logis, aux bonus des traders
On s'habitue à la police dans les écoles, qui traquent les enfants sans papier
On s'habitue au racisme, à la haine, à la guerre
On s'habitue à tout
Habitué à tout, à voir les dealers passer siste-gros
À l'Europe, à l'euro, à n'plus fumer dans les bistrots
À la drogue dure, en vente libre dans mon barrio
Le crack est à la Goutte d'Or c'que le Carnaval est à Rio
Habitué à l'abus, aux arrestations en série
Habitué à s'faire serrer un peu comme Sami Nacéri
Habitué au recel, à la flambée des taros
Ou pire au pipe à crack ou piquousés aux
On s'habitue à tout, faut juste un petit temps d'adaptation
On s'relève après coup, la prochaine on fera attention
On s'habitue à tout même aux trucs les plus claqués
C'est comme la clope tu commences par une et tu finis par l'paquet
Habitué à semer de la mauvaise graine
À se contredire, à côtoyer les extrêmes
Habitué à trouver les portes closes
A l'exagération, l'excès les fortes doses
À faire le dur, et qu'on m'prenne pour une teigne
À faire l'argent facile sous pour lequel je risque une peine
Habitué, à la street, c'est pas une affaire à s'prix
À la misère mais depuis quand la crasse prie à la défaite
À la perte, on a connu pire on en a vu des pas mûres et des vertes
Habitué à roder, à croiser les mêmes pestes
Tous mes co-routines, habitude on répète les mêmes gestes
Habitué au stress en tout genre et à la nique-pa
À la société française et ses dictats
À faire l'autruche quand on est pas concerné
Pff habitué à s'faire berner
Aux injustices dans l'monde et à tout ce bazar
Quand sans raison israël bombarde Gaza
Habitué quand l'Amérique en fait trop
En Irak les invalides c'est pas une station de métro gros.
On s'habitue à tout pourtant sur le coup on dit c'est insupportable
Comme toutes les vidéos hardcores qui tournent sur les portables
Tout l'terrain, habitué à voir de tout
Habitué aux vieux coups, aux mecs qui partent en ye-cou
Habitué, à la haine, oui l'amour c'est délicat
Habitué au célibat, si on s'aime pas on n'se lie pas
À être des machos, à jeter l'argent par la fenêtre
J'te raconte pas si nous avez vu celle qui nous a fait naitre
Habitué, aux disputes, et aux mésententes
À nous faire duper sans cesse par les représentants
À fermer nos gueules, nous contenter du minima
Mais, un jour ça va péter comme à Madinina
Habitué, aux coups, vas-y tu peux y aller même pas mal
Ça y est c'est bon l'insupportable est devenu banal
Habitué, à se serrer la ceinture, à taffer pour des centimes
À finir les mois sans thunes
On a pas grandi dans des couvents oui on connait bien le boulevard
M'habitue à voir des culs à la télé à tout va
Habitué aux scènes hots, à voir les mêmes têtes
Habitué aux mêmes potes, à fumer sur les même pètes
Habitué aux flics, et à leur abus d'pouvoir
Ouais de là où elle est la justice ne peux pas tout voir
Habitué aux radios, au matraquage incessants
À écouter d'la merde donc on sait bien ça se sent
Habitué au. (?) à la bêtise humaine
Aux types qui fait l'aumône
Habitué à voler d'une aile
Habitué au placard, à l'univers carcérale
On a pas attendu les reportages d'envoyé spécial
Le chacun pour soi, l'individualisme
S'habituer à la loi de la jungle, capitaliste
L'exploitation, l'oppression, c'est accepter l'inacceptable
Et vous, vous vous habituez à tout?
Y'a que les poissons morts qui suivent le courant! Point!

We Get Used to Everything

[Intro: Olivier Besancenot]
But how can we get used to everything?
We get used to layoffs, to suicides at work.
We get used to the homeless, to the bonuses of traders.
We get used to the police in schools, who track down undocumented children.
We get used to racism, to hate, to war.
We get used to everything.
Used to everything, to seeing dealers making big bucks.
To Europe, to the euro, to no longer smoking in bistros.
To hard drugs, freely sold in my barrio.
Crack is to Goutte d'Or what Carnival is to Rio.
Used to abuse, to mass arrests.
Used to getting busted a little like Sami Naceri.
Used to jail time, to the soaring price of hash.
Or worse, to crack pipes, or hooked on...
We get used to everything, it just takes a little time to adapt.
We get back up afterwards, next time we'll pay attention.
We get used to everything, even the craziest things.
It's like cigarettes, you start with one and end up with the pack.
Used to sowing bad seeds.
To contradicting myself, to rubbing shoulders with extremes.
Used to finding closed doors.
To exaggeration, to excess, to high doses.
To playing tough, to being taken for a pest.
To making easy money underneath which I risk a sentence.
Used to the streets, it's not a matter of price.
To misery, but since when has poverty prayed for defeat?
To loss, we've known worse, we've seen some that weren't ripe and some that were green.
Used to prowling, to crossing paths with the same pests.
All my routines, habits, we repeat the same gestures.
Used to stress of all kinds and to apathy.
To French society and its dictates.
To playing ostrich when you are not concerned.
Pff, used to getting fooled.
To injustices in the world and to all this mess.
When, for no reason, Israel bombs Gaza.
Used to it when America goes too far.
In Iraq, "Invalides" isn't a subway station, babe.
We get used to everything, yet at the time we say it's unbearable.
Like all the hardcore videos that circulate on mobile phones.
All-terrain, used to seeing everything.
Used to old tricks, to guys who go crazy.
Used to hate, yes love is delicate.
Used to being single, if we don't love each other we don't get attached.
To being macho, to throwing money out the window.
I won't tell you if you saw the one who gave birth to us.
Used to arguments and disagreements.
To being constantly fooled by our representatives.
To keeping our mouths shut, to settling for the minimum.
But one day it's gonna blow up like in Martinique.
Used to blows, go ahead, you can go for it, it doesn't even hurt.
That's it, the unbearable has become commonplace.
Used to tightening our belts, to working for pennies.
To ending the month broke.
We didn't grow up in convents, yeah, we know the boulevard well.
Used to seeing asses on TV all the time.
Used to hot scenes, to seeing the same faces.
Used to the same friends, to smoking on the same joints.
Used to the cops, and their abuse of power.
Yeah, from where it is, justice can't see everything.
Used to radios, to incessant bombardment.
To listening to crap, so we know it, it shows.
Used to... to human stupidity.
To guys begging for alms.
Used to flying with one wing.
Used to solitary confinement, to the prison world.
We didn't wait for the "Envoyé Spécial" reports.
Every man for himself, individualism.
Getting used to the law of the jungle, capitalist.
Exploitation, oppression, is accepting the unacceptable.
And you, do you get used to everything?
Only dead fish go with the flow! Period!