Paroles et traduction Patrick Bruel - Mon enfance - Live

Mon enfance - Live

J'ai eu tort, je suis revenu
Dans cette ville loin perdue
Ou j'avais passé mon enfance
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir
Le coteau ou glissait le soir
Bleus et gris, ombres de silence
Et je retrouvais comme avant
Longtemps après
Le coteau, l'arbre se dressant
Comme au passé
J'ai marché, les tempes brûlantes
Croyant étouffer sous mes pas
Les voix du passé qui nous hantent
Et reviennent sonner le glas
Et je me suis couché sous l'arbre
Et c'étaient les mêmes odeurs
Et j'ai laissé couler mes pleurs
Mes pleurs
J'ai mis mon dos nu à l'écorce
L'arbre m'a redonné des forces
Tout comme au temps de mon enfance
Et longtemps j'ai fermé les yeux
Je crois que j'ai prié un peu
Je retrouvais mon innocence
Avant que le soir ne se pose
J'ai voulu voir
La maison fleurie sous les roses
J'ai voulu voir
Le jardin où nos cris d'enfants
Jaillissaient comme source claire
Jean-claude, et Régine, et puis Jean
Tout redevenait comme hier
Le parfum lourd des sauges rouges
Les dahlias fauves dans l'allée
Le puit, tout, j'ai tout retrouvé

Hélas
La guerre nous avait jeté là
D'autres furent moins heureux, je crois
Au temps joli de leur enfance
La guerre nous avait jetés là
Nous vivions comme hors-la-loi
Et j'aimais cela, quand j'y pense
Ou mes printemps, ou mes soleils
Ou mes folles années perdues
Ou mes quinze ans, ou mes merveilles
Que j'ai mal d'être revenu
Ou les noix fraîches de septembre
Et l'odeur des mûres écrasées
C'est fou, tout, j'ai tout retrouvé
Hélas
Il ne faut jamais revenir
Aux temps cachés des souvenirs
Du temps béni de son enfance
Car parmi tous les souvenirs
Ceux de l'enfance sont les pires
Ceux de l'enfance nous déchirent
Oh ma très chérie, oh ma mère
Où êtes-vous donc aujourd'hui?
Vous dormez au chaud de la terre
Et moi je suis venu ici
Pour y retrouver votre rire
Vos colères et votre jeunesse
Mais je suis seule avec ma détresse
Hélas
Pourquoi suis-je donc revenue
Et seule au détour de ces rues?
J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche
Pourquoi suis-je venu ici
Où mon passé me crucifie?
Elle dort à jamais, mon enfance

My Childhood - Live

I was wrong, I came back
To this lost and distant town
Where I had spent my childhood
I was wrong, I wanted to see again
The hillside where shadows slipped in the evening
Blues and grays, shades of silence
And I found again, as before
Long after
The hillside, the tree standing tall
Just like in the past
I walked, my temples burning
Thinking I would suffocate under my steps
The voices of the past that haunt us
And come back to ring the death knell
And I lay down under the tree
And the scents were the same
And I let my tears flow
My tears
I placed my bare back against the bark
The tree gave me strength again
Just like in the days of my childhood
And for a long time I closed my eyes
I think I prayed a little
I found my innocence again
Before the evening settled in
I wanted to see
The house blooming under the roses
I wanted to see
The garden where our children's cries
Sprang up like a clear spring
Jean-Claude, and Régine, and then Jean
Everything became like yesterday again
The heavy scent of red sage
The tawny dahlias in the alley
The well, everything, I found everything again

Alas
The war had thrown us here
Others were less fortunate, I believe
In the pretty days of their childhood
The war had thrown us here
We lived like outlaws
And I loved that, when I think about it
Oh my springs, oh my suns
Oh my crazy lost years
Oh my fifteen years, oh my wonders
How it pains me to have returned
To the fresh walnuts of September
And the smell of crushed blackberries
It's crazy, everything, I found everything again
Alas
We should never return
To the hidden times of memories
Of the blessed time of our childhood
Because among all the memories
Those of childhood are the worst
Those of childhood tear us apart
Oh my dearest, oh my mother
Where are you today?
You sleep in the warmth of the earth
And I came here
To find your laughter again
Your anger and your youth
But I am alone with my distress
Alas
Why did I come back
And alone at the turn of these streets?
I'm cold, I'm scared, the evening leans in
Why did I come here
Where my past crucifies me?
It sleeps forever, my childhood