Paroles et traduction Renaud - Où c'est qu' j'ai mis mon flingue - Live Olympia, Paris / 1982

Où c'est qu' j'ai mis mon flingue - Live Olympia, Paris / 1982

J' veux qu' mes chansons soient des caresses,
Ou bien des coups d' poings dans la gueule.
A qui qu' ce soit que je m'agresse,
J' veux vous remuer dans vos fauteuils.
Alors écoutez moi un peu,
Les pousse-mégots et les nez-d'bœux,
Les ringards, les folkeux, les journaleux.
D'puis qu'y' a mon nom dans vos journaux,
Qu'on voit ma tronche à la télé,
Où j' vends ma soupe empoisonnée,
Vous m'avez un peu trop gonflé.
J' suis pas chanteur pour mes copains,
Et j' peux être teigneux comme un chien.
J' déclare pas, avec Aragon,
Qu' le poète a toujours raison.
La femme est l'avenir des cons,
Et l'homme n'est l'avenir de rien.

Moi, mon av'nir est sur zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
Mais bordel, où c'est qu' j'ai mis mon flingue?

J' vais pas m' laisser emboucaner
Par les fachos, pas les gauchos,
Tous ces pauvr' mecs endoctrinés
Qui foutent ma révolte au tombeau.
Tous ceux qui m' traitent de démago
Dans leur torchons qu' j' lirais jamais:
" Renaud, c'est mort, il est récupéré ";
Tous ces p'tits bourgeois incurables
Qui parlent pas, qu'écrivent pas, qui bavent,
Qui vivront vieux leur vie d' minables,
Ont tous dans la bouche un cadavre.
T't' façon, j' chante pas pour ces blaireaux,
Et j'ai pas dit mon dernier mot.
C'est sûr'ment pas un disque d'or,
Ou un Olympia à moi tout seul,
Qui me feront virer de bord,
Qui me feront fermer ma gueule.

Tant qu'y' aura d' al haine dans mes s'ringues,
Je ne chant'rai que pour les dingues,
Mais bordel,! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue?

Y a pas qu' les mômes, dans la rue,
Qui m' collent au cul pour une photo,
Y a même des flics qui me saluent,
Qui veulent que j' signe dans leurs calots.
Moi j' crache dedans, et j' cris bien haut
Qu' le bleu marine me fait gerber,
Qu' j'aime pas l' travail, la justice et l'armée.
C'est pas demain qu'on m' verra marcher
Avec les connards qui vont aux urnes,
Choisir celui qui les f'ra crever.
Moi, ces jours là, j' reste dans ma turne.
Rien à foutre de la lutte de crasse,
Tous les systèmes sont dégueulasses!
J' peux pas encaisser les drapeaux,
Quoi que le noir soir le plus beau.
La marseillaise, même en reggae,
Ça m'a toujours fait dégueuler.

Les marches militaires, ça m' déglingue
Et votr' République, moi j' la tringle,
Mais bordel! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue?

D'puis qu'on m'a tiré mon canif,
Un soir au métro Saint Michel,
J' fous plus les pieds dans une manif
Sans un nunchak' ou un cocktail
A Longwy comme à Saint Lazare,
Plus de slogans face aux flicards,
Mais des fusils, des pavés, des grenades!
Gueuler contre la répression
En défilant " Bastille-Nation "
Quand mes frangins crèvent en prison
Ça donne une bonne conscience aux cons,
Aux nez-d'bœux et aux pousse-mégots
Qui foutent ma révolte au tombeau.

Si un jour j' me r'trouve par terre,
Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Baader.
Si j' crève le nez dans le ruisseau,
Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Bonnot.

Pour l'instant, ma gueule est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
MAIS FAITES GAFFE!
J'AI MIS LA MAIN SUR MON FLINGUE!

Where Did I Put My Gun - Live Olympia, Paris / 1982

I want my songs to be caresses,
Or punches right in the face.
Whoever I'm attacking,
I want to shake you up in your seats.
So listen to me a bit,
You ashtray faces and stuck-up snobs,
The squares, the folkies, the journalists.
Ever since my name's been in your papers,
Since you've seen my mug on TV,
Where I peddle my poisoned soup,
You've all gotten on my nerves a bit too much.
I'm not a singer for my buddies,
And I can be as stubborn as a dog.
I don't declare, like Aragon,
That the poet is always right.
Woman is the future of fools,
And man is the future of nothing.

Me, my future is on the zinc bar
Of the grimiest dive,
But damn it, where did I put my gun?

I won't let myself be messed with
By the fascists, or the leftists,
All these poor indoctrinated dudes
Who are burying my rebellion.
All those who call me a demagogue
In their rags that I'd never read:
"Renaud is dead, he's been co-opted";
All these incurable little bourgeois
Who don't speak, who don't write, who just drool,
Who will live their pathetic lives to a ripe old age,
All have a corpse in their mouths.
Anyway, I don't sing for these bozos,
And I haven't said my last word.
It's certainly not a gold record,
Or an Olympia all to myself,
That will make me change course,
That will make me shut my mouth.

As long as there's hatred in my veins,
I'll only sing for the crazy ones,
But damn it! Where did I put my gun?

It's not just the kids on the street,
Who stick to me like glue for a photo,
There are even cops who salute me,
Who want me to sign their caps.
Me, I spit in them, and I shout out loud
That navy blue makes me puke,
That I don't like work, justice, or the army.
It won't be tomorrow that you'll see me marching
With the idiots who go to the polls,
To choose the one who will make them croak.
Me, on those days, I stay in my bed.
Don't give a damn about the dirty fight,
All systems are disgusting!
I can't stand flags,
Even though black is the most beautiful.
The Marseillaise, even in reggae,
It always made me want to throw up.

Military marches make me lose it
And your Republic, I screw it,
But damn it! Where did I put my gun?

Ever since they took my pocketknife,
One night at the Saint Michel metro,
I don't set foot in a protest anymore
Without a nunchaku or a Molotov cocktail.
In Longwy as in Saint Lazare,
No more slogans facing the cops,
But rifles, cobblestones, grenades!
Yelling against repression
While marching "Bastille-Nation"
When my brothers are dying in prison
It gives the idiots a good conscience,
To the snobs and the ashtray faces
Who are burying my rebellion.

If one day I find myself on the ground,
It'll surely be Baader's fault.
If I croak with my nose in the gutter,
It'll surely be Bonnot's fault.

For now, my face is on the zinc bar
Of the grimiest dive,
BUT WATCH OUT!
I'VE GOT MY HANDS ON MY GUN!