Paroles et traduction Rouda - Visions d'Afrique

Visions d'Afrique

Multivisions d'Afrique misère et guerre sur nos écrans géants
L'écart se creuse à pas de géant mais rien n'est moins gênant
A croire qu'il y a dans nos gênes un chromosome d'indifférence
Et quelques milligrammes de honte pour tout ce qu'a fait la France
Elle s'est sentie coupable donnant aux places des noms d'indépendance
Mais dans la salle de classe le cours d'Histoire absorbe les tâches de sang
Et je suis qu'un tout petit blanc qu'a écrit ce texte sur un tout petit banc
Et ma vision d'Afrique je la restitue en titubant
Pas frère de sang mon frère mais frère de béton frais
Ou frère de son si tu préfères les mystères intrigants
Comme avant-goût d'enfer j'ai pas connu le goût du fer
Ni peine de prison ferme pour ma couleur depuis la cour des grands
Je suis le petit fils des pires brigands et malgré moi le descendant des colons d'Occident
Je viderai mes cartouches d'encre et mélangerai le blanc à toutes les couleurs pourpres
Pour accoucher d'une écriture métisse

Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
On est pas frères de sang on sera au moins frères de béton
Nous caresserons le vent avec le pigment de nos peaux
Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
Mais je suis qu'un tout petit blanc qu'a écrit ce texte sur un tout petit banc
Et ma vision d'Afrique je la restitue en titubant

J'ai fait un rêve étrange un rêve en noir et blanc
Un rêve que j'écris blanc sur noir dans le silence d'un tremblement
Un rêve où les couleurs s'inversent comme les deux pôles d'un aimant
Un rêve où les nuages s'arrêtent car hier soir la lune est morte
J'ai vu la lune devenir noire et même la nuit devenir blanche
Des idées blanches au marché noir une magie noire chauffée à blanc
Dans le blanc de l'œil je vois tout en noir
Lecture du premier roman noir à marquer d'une pierre blanche
Je suis blanc comme neige je travaille au noir
Derrière mes lunettes noires mon regard noir tire des balles à blanc
Et puis le rêve s'arrête et dans mon texte y'a comme un blanc
Je suis assis sur un banc
Et comme dans un trou noir je ne sais plus ce qui est noir ou blanc
Ça s'est passé au métro Blanche à la sortie d'un couloir noir
On m'avait laissé carte blanche pour retranscrire ce que j'ai cru voir
Alors j'ai dit que j'ai fait un rêve

Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
On est pas frères de sang on sera au moins frères de béton
Nous caresserons le vent avec le pigment de nos peaux
Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
Mais je suis qu'un tout petit blanc qu'a écrit ce texte sur un tout petit banc
Et ma vision d'Afrique je la restitue en titubant

J'aurai pu faire un texte plein de dérision et de potentiel comique
Raconter quelques blagues à base d'Africains squelettiques
J'aurai pu faire un texte aux dimensions écologiques
Du genre je milite dans une association de défense des éléphants et des visions d'Afrique
J'aurai pu faire un texte avec une réelle profondeur tragique
Sur un ton pathétique avec force de détails sur l'origine du sang qui gicle
J'aurai pu faire un texte avec des cartes des chiffres et tout plein de statistiques
Me la jouer géographe avec un semblant de discours didactique
J'aurai pu faire un texte bien formaté et bien démagogique
Vous parler du sida et des contrats cachés pharmaceutiques
J'aurai pu faire un texte en me passant de rimes en –iques
Vous voyez bien que c'est impossible alors promis je m'en passerai pour la suite

Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
On est pas frères de sang on sera au moins frères de béton
Nous caresserons le vent avec le pigment de nos peaux
Moi je voudrais raconter des contes avec un tout petit peu d'écoute
Et j'emmerde Benetton gros con trouve une couleur au son
Mais je suis qu'un tout petit blanc qu'a écrit ce texte sur un tout petit banc
Et ma vision d'Afrique je la restitue en titubant

Visions of Africa

Multivisions of Africa misery and war on our giant screens
The gap is widening by leaps and bounds but nothing is less embarrassing
It's as if there's a chromosome of indifference in our genes
And a few milligrams of shame for everything France has done
She felt guilty giving places names of independence
But in the classroom the history lesson absorbs the bloodstains
And I am just a little white guy who wrote this text on a little bench
And my vision of Africa I restore it stumbling
Not blood brother my brother but brother of fresh concrete
Or brother of sound if you prefer intriguing mysteries
As a foretaste of hell I haven't tasted iron
No prison sentence for my colour since the high court
I am the grandson of the worst brigands and in spite of myself the descendant of the settlers of the West
I will empty my ink cartridges and mix the white with all the purple colours
To give birth to a mixed-race writing

I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
We're not blood brothers we'll at least be concrete brothers
We will caress the wind with the pigment of our skin
I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
But I'm just a little white guy who wrote this text on a little bench
And my vision of Africa I restore it stumbling

I had a strange dream a dream in black and white
A dream that I write white on black in the silence of a tremor
A dream where the colours reverse like the two poles of a magnet
A dream where the clouds stop because last night the moon died
I saw the moon turn black and even the night turn white
White ideas on the black market black magic heated to white
In the white of my eye I see everything in black
Reading the first black novel to be marked with a white stone
I'm white as snow I work in the black market
Behind my black glasses my black eyes shoot blanks
And then the dream stops and in my text there is like a blank
I'm sitting on a bench
And like in a black hole I don't know what is black or white anymore
It happened at Blanche metro station at the exit of a black corridor
I was given carte blanche to transcribe what I thought I saw
So I said I had a dream

I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
We're not blood brothers we'll at least be concrete brothers
We will caress the wind with the pigment of our skin
I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
But I'm just a little white guy who wrote this text on a little bench
And my vision of Africa I restore it stumbling

I could have written a text full of derision and comedic potential
Tell a few jokes based on skeletal Africans
I could have written a text with ecological dimensions
Like I'm an activist in an association for the protection of elephants and visions of Africa
I could have written a text with real tragic depth
On a pathetic tone with lots of details about the origin of the blood that spurts
I could have written a text with maps, figures and lots of statistics
Playing the geographer with a semblance of didactic discourse
I could have written a well-formatted and demagogic text
Talk to you about AIDS and hidden pharmaceutical contracts
I could have written a text without rhyming in –ics
You can see that it is impossible so I promise I will do without it for the future

I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
We're not blood brothers we'll at least be concrete brothers
We will caress the wind with the pigment of our skin
I would like to tell stories with a little bit of listening
And fuck Benetton you asshole find a colour to the sound
But I'm just a little white guy who wrote this text on a little bench
And my vision of Africa I restore it stumbling