Paroles et traduction Serge Gainsbourg - Le Charleston des déménageurs de piano

Le Charleston des déménageurs de piano

C′est nous les déménageurs de pianos
Des Steinway, des Pleyel et des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique

Pour ce qui est du reste, ça c'est pas nos oignons
Artistes, nous on ne l′est pas pour deux ronds
Quand la musique vous a brisé les reins
Y a pas de charleston qui tient

Pour nous prendre aux tripes
Faut se lever de bonne heure
Dire qu'il y a des types
Qui sur cet engin de malheur
Arrivent à faire croire à tous les ballots
Que la vie c'est comme au piano

De l′amour ils en font tout un cinéma
À les écouter, de vrai, y aurait que ça
Qu′est-ce qui resterait pour les déménageurs
Qu'en ont des tonnes sur le cœur

Il nous resterait qu′à nous noircir sur le zinc
Mais là encore faut se farcir le bastringue
Il se trouve toujours parmi nous un toquard
Pour y glisser ses pourboires

Pour tous les faire taire
Y a vraiment qu'une façon
Les envoyer faire
Un petit tour au charbon
Sur le piano massacre de la réalité
Ils toucheraient du doigt la purée

C′est nous les déménageurs de pianos
Des Steinway, des Pleyel et des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique

Au fond, à quoi que ça sert de discuter
Comme l'a dit l′autre à chacun son métier
Tirer sur le pianiste c'est pas notre boulot
Nous on tire sur le piano
Nous on tire sur le piano

Piano Mover's Charleston

We are the piano movers,
Steinways, Pleyels, Gaveaus,
The tinkle of thrifty tips,
We know music.

As for the rest, that's not our onions,
Artists, we are not worth two pennies.
When music has broken your back,
There is no Charleston that holds up.

To grab us by the guts,
You have to get up early.
Say that there are guys,
Who on this engine of misfortune
Manage to make all the suckers believe
That life is like the piano.

Of love they make a whole cinema,
To listen to them, my dear, there would only be that.
What would be left for the movers, my darling,
Who have tons of it on their hearts?

We would only have to blacken ourselves on the zinc,
But there again we have to endure the racket.
There is always a joker among us,
To slip his tips into it.

To shut them all up,
There is really only one way,
Send them to,
A little ride in the coal,
On the piano massacre of reality,
They would touch the mashed potatoes with their finger.

We are the piano movers,
Steinways, Pleyels, Gaveaus,
The tinkle of thrifty tips,
We know music.

Basically, what's the point of arguing,
As the other guy said, to each his own trade.
Shooting the pianist is not our job,
We shoot the piano.
We shoot the piano.