Paroles et traduction Serge Gainsbourg - Un poison violent, c'est ça l'amour

Un poison violent, c'est ça l'amour

- Qu'est-ce autre chose que la vie des sens, qu'un mouvement alternatif
Qui va de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit,
De l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit...
- J' m'en fous!
- Ta gueule, laisse-moi finir!
L'âme flottant toujours incertaine entre l'ardeur qui se renouvelle
L'ardeur qui se renouvelle et l'ardeur qui se ralentit,
L'ardeur qui se renouvelle et l'ardeur qui se ralentit...
- Ah! j' m'en fous!
- Mais dans ce mouvement perpétuel, de l'appétit au dégoût,
De l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit,
On ne laisse pas de divertir par l'image d'une liberté errante.
Tu sais de qui c'est?
- Non.
- Bossuet.
- Bravo! Tu veux une oraison funèbre?
- Ah non! Parce que moi je suis assez cynique pour en faire ma ligne de conduite.
- Oh t' es dégueulasse! dégueulasse mon vieux!
- Ouais, ouais! un peu amnésique sur les bords, hein. Voilà où ça mène.
Un poison violent, c'est ça l'amour
Un truc à n' pas dépasser la dose
C'est comme en bagnole
Au compteur cent quatre-vingts
À la borne cent quatre-vingt-dix
Effusion de sang
Voilà j' te donne un conseil. Tu tiens à ta peau: laisse tomber!
- Tu cours après une ombre, tu vois. Et c'est même pas la mienne.
Encore elle serait sur les colonnes Morris, je pourrais l'attendre à l'entrée des artistes.
Mais elle est insaisissable. Où veux-tu que j' la trouve?
- Ah mon p'tit Armstrong Jones y fallait pas faire d' la photographie.
- Oh toi t' es écurant. On n' peut pas discuter avec toi. Tu prends tout à la blague.
- Ah erreur! erreur justement! Un de ces quatre tu verras: tu m' rendras raison. Écoute:
Quand tu en auras marre
J'ai une petite pour toi
Complètement demeurée
Mais tellement esthétique
- Oh te fatigue pas va! Allez salut!

A Violent Poison, That's Love

- What else is the life of the senses, than an alternating movement
That goes from appetite to disgust and from disgust to appetite,
From appetite to disgust and from disgust to appetite...
- I don't care!
- Shut up, let me finish!
The soul always floating uncertain between the ardor that renews itself
The ardor that renews itself and the ardor that slows down,
The ardor that renews itself and the ardor that slows down...
- Ah! I don't care!
- But in this perpetual movement, from appetite to disgust,
From appetite to disgust and from disgust to appetite,
We do not allow ourselves to be distracted by the image of an errant freedom.
Do you know who said that?
- No.
- Bossuet.
- Bravo! Do you want a funeral oration?
- Ah no! Because I am cynical enough to make it my line of conduct.
- Oh, you're disgusting! disgusting, my old man!
- Yeah, yeah! a bit amnesiac on the edges, huh. That's where it leads.
A violent poison, that's love
Something not to exceed the dose
It's like in a car
One hundred and eighty on the odometer
At the one hundred and ninety mark
Effusion of blood
Here I give you a piece of advice. You care about your skin: drop it!
- You're chasing a shadow, you see. And it's not even mine.
If she was on the Morris columns, I could wait for her at the artists' entrance.
But she's elusive. Where do you want me to find her?
- Ah, my little Armstrong Jones, you shouldn't have taken up photography.
- Oh, you're disgusting. We can't talk to you. You take everything as a joke.
- Ah error! error precisely! One of these four you will see: you will give me reason. Listen:
When you're fed up
I have a little one for you
Completely out of her mind
But so aesthetically pleasing
- Oh, don't bother! Come on, goodbye!