Paroles et traduction Sylvie Vartan - Mon enfance

Mon enfance

J′ai eu tort, je suis revenue,
Dans cette ville, au loin, perdue,
Où j'avais passé mon enfance,
J′ai eu tort, j'ai voulu revoir,
Le côteau où glissait le soir,
Bleu et gris, ombres de silence,
Et j'ai retrouvé, comme avant,
Longtemps après,
Le côteau, l′arbre se dressant,
Comme au passé,
J′ai marché, les tempes brûlantes,
Croyant étouffer sous mes pas,
Les voix du passé qui nous hantent,
Et reviennent sonner le glas,
Et je me suis couchée sous l'arbre,
Et c′était les mêmes odeurs,
Et j'ai laissé couler mes pleurs,
Mes pleurs j′ai mis mon dos nu à l'écorce,
L′arbre m'a redonné des forces,
Tout comme au temps de mon enfance,
Et longtemps, j'ai fermé les yeux,
Je crois que j′ai prié un peu,
Je retrouvais mon innocence,
Avant que le soir ne se pose,
J′ai voulu voir,
La maison fleurie sous les roses,
J'ai voulu voir,
Le jardin où nos cris d′enfants,
Jaillissaient comme sources claires,
Jean, claude et régine et puis jean,
Tout redevenait comme hier,
Le parfum lourd des sauges rouges,
Les dahlias fauves dans l'allée,
Le puits, tout, j′ai retrouvé,
Hélas la guerre nous avait jetés là,
D'autres furent moins heureux, je crois,
Au temps joli de leur enfance,
La guerre nous avait jetés là,
Nous vivions comme hors-la-loi,
Et j′aimais cela, quand j'y pense,
Oh mes printemps, oh mes soleils,
Oh mes folles années perdues,
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles,
Que j'ai mal d′être revenue,
Oh les noix fraiches de septembre,
Et l′odeur des mûres écrasées,
C'est fou, tout, j′ai tout retrouvé,
Hélas il ne faut jamais revenir,
Au temps caché des souvenirs,
Du temps béni de mon enfance,
Car parmi tous les souvenirs,
Ceux de l'enfance sont les pires,
Ceux de l′enfance nous déchirent,
Vous, ma très chérie, ô ma mère,
Où êtes-vous donc, aujourd'hui,
Vous dormez au chaud de la terre,
Et moi, je suis venue ici, pour y retrouver votre rire,
Vos colères et votre jeunesse,
Je suis seule avec ma détresse,
Hélas pourquoi suis-je donc revenue,
Et seule, au détour de ses rues,
J′ai froid, j'ai peur, le soir se penche,
Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie,
Elle dort à jamais mon enfance

My Childhood

I was wrong, I came back,
To this distant, lost city,
Where I spent my childhood,
I was wrong, I wanted to see again,
The hillside where the evening slid,
Blue and gray, shadows of silence,
And I found again, as before,
Long afterwards,
The hillside, the tree standing tall,
As in the past,
I walked, my temples burning,
Thinking I would suffocate under my footsteps,
The voices of the past that haunt us,
And come back to toll the knell,
And I lay down under the tree,
And there were the same smells,
And I let my tears flow,
My tears, I put my bare back to the bark,
The tree gave me strength,
Just like in my childhood,
And for a long time, I closed my eyes,
I think I prayed a little,
I found my innocence again,
Before nightfall,
I wanted to see,
The house blooming under the roses,
I wanted to see,
The garden where our children's cries,
Spouted like clear springs,
Jean, Claude, Regine, and then Jean,
Everything was like yesterday again,
The heavy perfume of red sages,
The tawny dahlias in the alley,
The well, everything, I found it all again,
Alas, the war had thrown us there,
Others were less fortunate, I think,
At the pretty time of their childhood,
The war had thrown us there,
We lived like outlaws,
And I liked that, when I think about it,
Oh my springs, oh my suns,
Oh my crazy lost years,
Oh my fifteen years, oh my wonders,
How it hurts to have come back,
Oh the fresh walnuts of September,
And the smell of crushed blackberries,
It's crazy, everything, I found everything again,
Alas, you should never come back,
To the hidden time of memories,
Of the blessed time of my childhood,
For among all the memories,
Those of childhood are the worst,
Those of childhood tear us apart,
You, my dearest, oh my mother,
Where are you now,
You sleep warm in the earth,
And I came here to find your laughter again,
Your anger and your youth,
I am alone with my misery,
Alas, why did I come back,
And alone, at the corner of its streets,
I'm cold, I'm scared, the evening is approaching,
Why did I come here, where my past crucifies me,
My childhood sleeps forever