Paroles et traduction Tri Yann - L'ankou, la libertine et le ménétrier

L'ankou, la libertine et le ménétrier

Auregan, fille au sein blanc,
Libertine et païenne,
Blonds cheveux, cœur brûlant,
Ne comptait plus ses amants.
En repentance à vingt ans,
Elle épouse en chrétienne
Le dévotieux marquis
De Kertan.
Lors au clerc de Saint-Jean
Elle dit son consentement,
Robe grise sans dentelle
Non plus de rubans;
Mais après les covents,
De l'arrière ban ni du ban,
Nul ne trouva la fête,
La nuit tombant.
Seuls au bal et sans leurs gens,
Le marquis et la belle
Dansent des pastourelles,
Les ménétriers sonnant.
Mais en l'Ankou se mutant,
Le prince de mort jette
Sur sa sombre charrette
Auregan.
Lors son cheval cinglant,
Sourd aux plaintes d'Auregan,
Il endiable la cavale
Trois jours durant;
Sous la grêle bondissant,
La charrette va grinçant
Dans des jets d'étincelles,
Vers l'enfer se ruant.
Mais du bal en revenant,
Le ménétrier croise
Le tourmenteur bouillant,
Son vieux cheval écumant,
Tout à bout d'épuisement,
A boire à la fontaine
Sous les branches d'un chêne
Au couchant.
Sa citole arpégeant,
Une berceuse lui jouant,
Le musicien ensorcelle
L'Ankou céans;
Et quand dort le brigand,
Pieds et poings lui attachant,
Dans un gouffre il le jette,
Vers l'enfer plongeant.

L'ankou, the libertine and the minstrel

Auregan, white-breasted girl,
Libertine and pagan,
Blond hair, burning heart,
Could no longer count her lovers.
In repentance at twenty,
She marries as a Christian
The devout marquis
Of Kertan.
Then to the clerk of Saint John
She says her consent,
Grey dress with no lace
Nor ribbons;
But after the convents,
Neither from the back ban nor from the ban,
No one had found the festival,
Night falling.
Alone at the ball and without their people,
The marquis and the beauty
Dance pastorals,
The minstrels playing.
But in the Ankou mutating,
The prince of death throws
On his dark cart
Auregan.
Then, lashing his horse,
Deaf to Auregan's complaints,
He drives the mare to the devil
For three days;
Bounding under the hail,
The cart creaks
In jets of sparks,
Rushing towards hell.
But from returning from the ball,
The minstrel meets
The boiling tormentor,
His old horse foaming,
Totally exhausted,
To drink at the fountain
Under the branches of an oak
At sunset.
Plucking his citole,
Playing a lullaby for her,
The musician bewitches
The Ankou inside;
And when the brigand is asleep,
Tying his feet and hands,
He throws him into a chasm,
Diving towards hell.