Paroles et traduction VII - Seconde chance

Seconde chance

Moi j'ai purgé ma peine je pars de ce placard
Je lance des "bon courage" aux mecs dans les couloirs
Le maton me salue d'un air antipathique
Ne me tend pas la main mais un sac en plastique
J'ai pris huit ans, j'ai payé mon erreur
J'suis partagé entre la joie et la frayeur
Je pose un pied dehors et je panique un peu
Je regarde les gens comme si j'avais peur d'eux
Ni courrier ni parloir j'suis pas vraiment surpris
Que personne ne m'attende pour fêter ma sortie
J'ai promis à mon père de m'tenir à carreau
Mais dans ma tête y aura toujours des portes et des barreaux
J'entends partout les clefs tourner dans la serrure
J'dors sur le canapé d'un collègue de cellule
On m'a trouvé un taf pénible et mal payé
J'entre dans un appart près d'une voie ferrée
Je n'ai même pas la tête à sortir le week-end
J'lis Samuel Beckett ou bien du Charles Dickens
Je remplace des pneus pour payer les factures
C'est à peine un peu mieux que de moisir entre quatre murs

J'rumine sur les années que j'ai foutues en l'air
Vivants ou pas c'est le trou alors on nous enterre
Fallait pas déconner, je connais la chanson
Je voudrais décoller pourtant je tourne en rond
Au mitard en hiver, j'avais plus rien d'humain
J'ai vu des hommes moins bien traités que le dernier des chiens
Les hurlements tous les matins m'ont rendu pessimiste
L'impression que le droit chemin mène à un précipice
Moi j'ai manqué de tout je n'ai connu que ça
Avec le temps tu rends toujours les coups que tu reçois
Ressasser le passé avoir la boule au ventre
Ces moments à chercher un objet pour te pendre
Maintenant j'ai ma chambre et mon autonomie
Je tiens debout malgré l'angoisse et les nuits d'insomnie
Je bouffe des raviolis dans des boîtes en métal
J'ai commencé ma vie sous la mauvaise étoile
J'n'aperçois toujours pas la sortie du tunnel
Je m'endors sur un lit infesté de punaises
J'n'attends pas de louanges ou la métamorphose
Ma seconde chance ne mène à pas grand-chose

Second Chance

I've served my time, I'm leaving this closet,
I'm throwing out "good lucks" to the guys in the corridors,
The guard greets me with an unfriendly look,
He doesn't offer his hand, but a plastic bag.
I took eight years, I paid for my mistake,
I'm torn between joy and fear,
I step outside and I panic a little,
I look at people as if I'm afraid of them.
No mail, no visits, I'm not really surprised
That no one is waiting to celebrate my release.
I promised my father I'd stay clean,
But in my head there will always be doors and bars.
I hear keys turning in locks everywhere,
I sleep on the couch of a cellmate,
They found me a tedious and poorly paid job,
I move into an apartment near a railway line.
I don't even feel like going out on the weekend,
I read Samuel Beckett or Charles Dickens.
I change tires to pay the bills,
It's barely better than rotting between four walls.

I brood over the years I've thrown away,
Dead or alive, it's the hole, so they bury us.
Shouldn't have messed up, I know the song,
I want to take off, yet I'm going in circles.
In solitary in winter, I had nothing human left,
I saw men treated worse than the lowest of dogs.
The screams every morning made me pessimistic,
The impression that the right path leads to a precipice.
I lacked everything, I've only known this,
With time, you always return the blows you receive.
Dwelling on the past, having a knot in your stomach,
Those moments searching for an object to hang yourself.
Now I have my room and my autonomy,
I stand despite the anxiety and sleepless nights.
I eat ravioli from metal cans,
I started my life under a bad star.
I still don't see the end of the tunnel,
I fall asleep on a bed infested with bugs.
I don't expect praise or metamorphosis,
My second chance doesn't lead to much.