Текст и перевод песни Julien Clerc - L'assassin assassiné

L'assassin assassiné

C'était un jour à la maison
Je voulais faire une chanson
D'amour peut-être
À côté de la fenêtre
Quelqu'un que j'aime et qui m'aimait
Lisait un livre de Giono
Et moi penché sur mon piano
Comm' sur un établi magique
J'essayais d'ajuster les mots
À ma musique

Le matin même, à la Santé
Un homme, un homme avait été
Exécuté
Et nous étions si tranquilles
Là, au cœur battant de la ville
C'était un' fin d'après-midi
À l'heure où les ombres fidèles
Sortant peu à peu de chez elles
Composent doucement la nuit
Comm' aujourd'hui

Ils sont venus à pas de loup
Ils lui ont dit d'un ton doux
C'est le jour, c'est l'heure
Ils les a r'gardés sans couleur
Il était à móitié nu
"Voulez-vous écrire une lettre?"
Il a dit "Oui" il a pas pu
Il a pris une cigarette

Sur mon travail tombait le soir
Mais les mots restaient dans le noir
Qu'on me pardonne
Mais on ne peut certains jours
Écrire des chansons d'amour
Alors j'ai fermé mon piano
Paroles et musique de personne
Et j'ai pensé à ce salaud
Au sang lavé sur le pavé
Par ses bourreaux
Je ne suis président de rien
Moi je ne suis qu'un musicien
Je le sais bien
Et je n'prends pas de pose
Pour dire seulement cette chose
Messieurs les assassins commencent
Oui, mais la société recommence
Le sang d'un condamné à mort
C'est du sang d'homme, c'en est encore
C'en est encore

Chacun son tour, ça n'est pas drôle
On lui donne 2, 3 paroles
Et un peu d'alcool
On lui parle, on l'attache, on le cache
Dans la cour un grand dais noir
Protège sa mort des regards
Et puis ensuite, ça va très vite
Le temps que l'on vous décapite

Si je demande qu'on me permette
À la place d'une chanson
D'amour peut-être
De vous chanter un silence
C'est que ce souvenir me hante
Lorsque le couteau est tombé
Le crime a changé de côté
Ci-gît ce soir dans ma mémoire
Un assassin assassiné
Assassiné
Assassiné

The Murderer Murdered

It was a day at home
I wanted to write a song
Of love perhaps
Next to the window
Someone I love and who loved me
Was reading a book by Giono
And I, leaning over my piano
As if on a magical workbench
I tried to adjust the words
To my music

That same morning, at the Santé Prison
A man, a man had been
Executed
And we were so calm
There, in the beating heart of the city
It was a late afternoon
At the hour when the faithful shadows
Gradually leaving their homes
Softly compose the night
As today

They came stealthily
They told him gently
It's the day, it's the hour
He looked at them, colorless
He was half naked
"Would you like to write a letter?"
He said "Yes" he couldn't
He took a cigarette

Evening fell on my work
But the words remained in the dark
May I be forgiven
But some days
One cannot write love songs
So I closed my piano
Words and music by no one
And I thought of that bastard
Of the blood washed on the pavement
By his executioners
I am not president of anything
I am only a musician
I know it well
And I don't pose
Only to say this thing
Gentlemen, the assassins begin
Yes, but society begins again
The blood of a man condemned to death
Is human blood, it still is
It still is

Each in turn, it's not funny
He is given 2, 3 words
And a little alcohol
He is spoken to, tied up, hidden
In the courtyard a large black canopy
Protects his death from view
And then it goes very quickly
The time it takes to behead you

If I ask that I be allowed
Instead of a song
Perhaps of love
To sing you a silence
It's because this memory haunts me
When the knife fell
The crime changed sides
Tonight, a murderer murdered
lies in my memory
Murdered
Murdered