En ce temps-là, nous vivions groupés comme les zèbres au bord de l'eau. La mare, c'était notre cité. Nous ne la quittions que très peu, par peur des tigres blancs ou par peur de mourir de soif. Tout près de nous, des éléphants, des gnous, et partout des moustiques. On se croisait par troupeaux. Enfin, tout ce qui a quatre pattes marchait en bandes ou n'était que nuée dans le ciel. Donc j'habitais la cité... la cité, que dis-je, un zoo. En tout cas, à cette époque, ça
In jener Zeit lebten wir in Gruppen wie die Zebras am Wasserloch. Die Pfütze, das war unsere Siedlung. Wir verließen sie nur sehr selten, aus Angst vor weißen Tigern oder aus Angst, vor Durst zu sterben. Ganz in unserer Nähe Elefanten, Gnus und überall Mücken. Man begegnete sich in Herden. Kurz gesagt, alles, was vier Beine hatte, zog in Banden umher oder war nur ein Schwarm am Himmel. Also wohnte ich in der Siedlung... der Siedlung, was sage ich, einem Zoo. Jedenfalls, zu dieser Zeit, da
En était un. Personne ne s'y trompait. Nous-mêmes, à la naissance, on se donnait des noms d'oiseaux... mais pas de ces animaux domestiques qu'on met en cage et qui sont jolis, non! Des animaux comme on en veut pas chez soi, autant dire une Arlésienne de reptiles. La laideur était nous, la honte aussi.
War es einer. Niemand täuschte sich darin. Wir selbst gaben uns bei der Geburt Schimpfnamen... aber nicht die von Haustieren, die man in Käfige steckt und die hübsch sind, nein! Tiere, wie man sie nicht zu Hause haben will, sozusagen eine Arlésienne von Reptilien. Die Hässlichkeit waren wir, die Scham auch.
Car, pour y être bien dans la cité, fallait beugler, être moche, boiter, suer du cul très tôt, avoir les dents cassées... devant, derrière on s'en fout, encore que si ta bouche était un cimetière t'étais bien noté. Faut avouer, dans nos petites têtes de mongols, fiers, on
Denn um in der Siedlung gut angesehen zu sein, musste man brüllen, hässlich sein, hinken, schon früh aus dem Arsch schwitzen, kaputte Zähne haben... vorne, hinten, scheißegal, obwohl, wenn dein Mund ein Friedhof war, warst du gut angesehen. Man muss zugeben, in unseren kleinen Mongolenschädeln, stolz, das waren wir
L'était pas tant que ça. Tellement peu que, pour nous apaiser, tous les plus jolis mots d'amour et tous les gestes auraient pas suffi pour nous consoler. Nous, c'était... à peine nés, laids. On naissait laids. On naissait bronzés. Quand t'es bronzé, ben le soleil, tu l'aimes pas... t'as envie qu'il fasse nuit tout le temps. Nous, le soleil, encore aujourd'hui, on a envie d'y envoyer des seaux d'eau dans la gueule et d'y dire "Bon!
Nicht wirklich. So wenig, dass, um uns zu beruhigen, all die schönsten Liebesworte und all die Gesten nicht ausgereicht hätten, um uns zu trösten. Wir, das war... kaum geboren, hässlich. Wir wurden hässlich geboren. Wir wurden braun geboren. Wenn du braun bist, nun, die Sonne, die magst du nicht... du willst, dass es die ganze Zeit Nacht ist. Wir, die Sonne, noch heute, wir möchten ihr Eimer voll Wasser ins Gesicht schütten und sagen: "So!
T'arrêtes!"
Hör auf!"
Le soleil! Salaud! Tu pouvais pas répartir ta cagne un peu partout! On pouvait pas, nous, être blonds, blancs, chrétiens... je veux dire debout? C'était une époque où on préférait s'appeler singe que Mohamed. On se sentait moins que le meilleur ami de l'homme.
Die Sonne! Miststück! Konntest du deine Hitze nicht ein bisschen überall verteilen! Konnten wir nicht blond, weiß, christlich sein... ich meine, aufrecht? Es war eine Zeit, in der man sich lieber Affe nannte als Mohamed. Man fühlte sich weniger wert als der beste Freund des Menschen.
C'est simple, nous avions un surnom, et le même pour tous: "mange-merde". Plutôt un gros mot que nos propres prénoms. Nés pour perdre, être moqués, s'en faire une arme et haïr le monde entier. La honte nous avait courbés, et ces maudits noms de famille qui le faisaient pas...
Es ist einfach, wir hatten einen Spitznamen, und zwar denselben für alle: "Scheißfresser". Eher ein Schimpfwort als unsere eigenen Vornamen. Geboren, um zu verlieren, verspottet zu werden, daraus eine Waffe zu machen und die ganze Welt zu hassen. Die Scham hatte uns gebeugt, und diese verdammten Nachnamen, die es nicht besser machten...
– Comment tu t'appelles?
– Wie heißt du?
Et fallait un stylo pour déchiffrer l'immonde hiéroglyphe.
Und man brauchte einen Stift, um die abscheuliche Hieroglyphe zu entziffern.
– D'où tu viens?
– Woher kommst du?
Et on montrait du doigt un vague horizon. Tout n'allait pas. C'était une époque où la nationalité faisait le métier: si t'étais algérien, c'est que t'étais maçon; portugais, c'était le plâtre; marocain, t'étais aux fraises; polonais, au charbon... Dans tous les cas de figure, t'avais mal au dos. On est devenus fous.
Und man zeigte mit dem Finger auf einen vagen Horizont. Nichts stimmte. Es war eine Zeit, in der die Nationalität den Beruf bestimmte: Wenn du Algerier warst, warst du Maurer; Portugiese, das war der Gips; Marokkaner, du warst bei den Erdbeeren; Pole, in der Kohle... In jedem Fall hattest du Rückenschmerzen. Wir sind verrückt geworden.
Nos papas, c'est pas tant qu'ils étaient fondamentalistes! Non, ils étaient plutôt à fond dans menthe à l'eau, et la menthe à l'eau c'était chez nous, heu... ça d'eau et... ça de menthe.
Unsere Väter, es ist nicht so, dass sie Fundamentalisten waren! Nein, sie waren eher voll auf Pfefferminzsirup mit Wasser, und Pfefferminzsirup mit Wasser, das war bei uns, äh... so viel Wasser und... so viel Minze.
Mon père s'agenouillait cinq fois par jour
Mein Vater kniete fünfmal am Tag nieder
Moi je rêvais qu'il se dise "Il est trop sourd!"
Ich träumte davon, dass er sich sagte: "Er ist zu taub!"
Je rêvais qu'il envoie le tapis par la fenêtre
Ich träumte davon, dass er den Teppich aus dem Fenster warf
Mais c'est ma prière à moi qu'est pas rentrée dans son être
Aber es ist mein eigenes Gebet, das nicht in sein Wesen eindrang
Les dieux empêchaient la cicatrice
Die Götter verhinderten die Narbe
On leur a fait un caprice.
Wir machten ihnen einen Trotz.
Nos parents priaient un dieu qui les sortait pas de la misère. Ils nous aboyaient pour qu'on apprenne un dialecte d'ailleurs, eux-mêmes baragouinaient des idiomes aux r roulés, qu'on se cachait sous l'eau. On entravait tchi. Carrtantiti carrtantiti, soucrriti soussial... Pas bien, on était pauvres jusque dans les mots, on se mordait tellement on se comprenait pas nous-mêmes. Nos mères s'étonnaient de rencontrer des Français plus pauvres qu'elles. Ça devait pas aller ensemble, être français
Unsere Eltern beteten zu einem Gott, der sie nicht aus dem Elend holte. Sie bellten uns an, damit wir einen Dialekt von anderswo lernten, sie selbst brabbelten Redewendungen mit gerolltem R, dass wir uns unter Wasser versteckten. Wir verstanden kein Wort. Carrtantiti carrtantiti, soucrriti soussial... Nicht gut, wir waren arm bis in die Worte hinein, wir bissen uns, weil wir uns selbst nicht verstanden. Unsere Mütter wunderten sich, Franzosen zu treffen, die ärmer waren als sie. Das passte nicht zusammen, Franzose sein
Et très pauvres en même temps. Maman tentait contre vents et marées de me désanimaliser. Et, comme un perroquet, après elle je répétais: "Je suis français, je suis français, je suis... ouf!"
Und gleichzeitig sehr arm. Mama versuchte gegen Wind und Wetter, mich zu entanimalisieren. Und wie ein Papagei wiederholte ich nach ihr: "Ich bin Franzose, ich bin Franzose, ich bin... puh!"
Donc, je suis devenu sage comme une image
Also wurde ich brav wie ein Lamm
Je lisais Maupassant
Ich las Maupassant
Mes potes eux faisaient les poches aux passants
Meine Kumpel hingegen beklauten Passanten
Oui avec un hameçon à mouche je pêchais le requin
Ja, mit einem Fliegenhaken fischte ich nach dem Hai
J'étais tout noir je me prenais pour un rouquin
Ich war ganz schwarz, ich hielt mich für einen Rothaarigen
J'écrivais ma colère comme on donne des balles
Ich schrieb meine Wut nieder, wie man dem Jäger Kugeln gibt
Au chasseur. J'oubliais que j'étais l'animal
Ich vergaß, dass ich das Tier war
Quand j'étais poisson je voulais des ailes
Als ich ein Fisch war, wollte ich Flügel
Quand je volais je rêvais d'eau...
Als ich flog, träumte ich von Wasser...
Juste le temps de me rendre compte
Gerade genug Zeit, um zu erkennen
Que le cauchemar était pour notre compte
Dass der Albtraum für uns bestimmt war
Même avec un ticket
Selbst mit einem Ticket
C'est devant les mêmes portes qu'on était tous triqués
Wurden wir alle vor denselben Türen abgewiesen
C'est quand t'es pas riche
Gerade wenn du nicht reich bist
Que t'entends "A la niche!"
Hörst du "Ab in die Hütte!"
Moi au lieu de regarder mon pif
Ich, anstatt auf meine Nase zu schauen
Je me gaussais des imparfaits du subjonctif
Machte mich über die Imperfekte des Subjonctif lustig
Tous ces prénoms j'oubliais
All diese Vornamen, ich vergaß
Qu'ils étaient pas dans le calendrier
Dass sie nicht im Kalender standen
Les copains pas masos
Die Kumpels, keine Masochisten
Ne quittaient pas le zoo
Verließen den Zoo nicht
Oui, dans le zoo, si t'étais moche on t'appelait "tête de cul". Si t'étais boiteux, on t'appelait "boiteux", si t'étais vilain on t'appelait vilain". Si t'étais beau on t'appelait "pédale". Allons plus loin, si tu lisais des livres sans images, si t'étais fan des films de Claude Sautet ou que t'aies du respect par exemple pour les animaux domestiques... pire, si t'aimais pas les films de Bruce Lee... là c'était
Ja, im Zoo, wenn du hässlich warst, nannten sie dich "Arschgesicht". Wenn du hinktest, nannten sie dich "Hinkebein", wenn du unansehnlich warst, nannten sie dich "hässlich". Wenn du schön warst, nannten sie dich "Schwuchtel". Gehen wir weiter, wenn du Bücher ohne Bilder lasest, wenn du ein Fan von Claude Sautets Filmen warst oder wenn du zum Beispiel Respekt vor Haustieren hattest... schlimmer noch, wenn du Bruce Lees Filme nicht mochtest... da war es
Sodomie. Moi, dans le zoo, j'ai longtemps marché les deux mains dans le dos.
Sodomie. Ich, im Zoo, bin lange mit beiden Händen auf dem Rücken gegangen.
On avait pourtant pas d'ailes dans le dos
Wir hatten doch keine Flügel auf dem Rücken
T'es né ton nom sera pas un cadeau
Du bist geboren, dein Name wird kein Geschenk sein
On avait honte jusqu'à la lie
Wir schämten uns bis ins Mark
C'est qu'on s'appelait pas Zidane ou Boli
Denn wir hießen nicht Zidane oder Boli
Pour étrennes t'auras un surnom
Als Geschenk bekommst du einen Spitznamen
Grosses lèvres on t'appellera le Gibbon
Dicke Lippen, man wird dich Gibbon nennen
Ça chambrait comme chez Cyrano
Das spottete wie bei Cyrano
II était peut-être manouche minot?
War er vielleicht ein Manouche-Junge?
Ça tirait jusque sous la douche
Das ging bis unter die Dusche
Des tirs de bazooka dans la bouche
Bazooka-Schüsse in den Mund
La solution? Ou tu tapes ou tu t'échappes
Die Lösung? Entweder du schlägst zu oder du haust ab
Ou tu pousses ou tu tombes dans la trappe
Entweder du drückst dich durch oder du fällst in die Falle
Ou c'est toi qu'as le mot qui tue
Entweder du hast das tödliche Wort
Ou tu vas vivre avec les tortues
Oder du wirst mit den Schildkröten leben
A la place du nez, Kader avait une espèce de cucurbitacée
Anstelle der Nase hatte Kader eine Art Kürbisgewächs
Qu'il eût fallu une brouette pour le déplacer
Man hätte eine Schubkarre gebraucht, um es zu bewegen
II était pauvre et, par-dessus le marché, des boutons
Er war arm und obendrein sprossen Pickel
Venaient fleurir en bout il était comme un thon
Am Ende sah er aus wie ein Thunfisch
Qui se promène en ayant gardé l'hameçon
Der herumläuft und den Angelhaken noch im Maul hat
J'sais pas si vous voyez l'engin...
Ich weiß nicht, ob du dir das Ding vorstellen kannst...
Si t'es timide il faut que tu t'enterres
Wenn du schüchtern bist, musst du dich vergraben
Si t'attaques ton nez devient un caractère.
Wenn du angreifst, wird deine Nase zu einem Charakterzug.
On était tellement pas bien dans nos chaussures
Wir fühlten uns so unwohl in unseren Schuhen
Qu'on aurait mis à l'intérieur nos vilaines figures
Dass wir unsere hässlichen Gesichter hineingesteckt hätten
Moches à déplaire même à la fée Carabosse...
Hässlich genug, um selbst der bösen Fee Carabosse zu missfallen...
Nous c'est à l'intérieur qu'on avait des bosses
Wir hatten die Beulen innen
On était moches surtout on avait honte
Wir waren hässlich, vor allem schämten wir uns
Pour se consoler on soulevait de la fonte
Um uns zu trösten, stemmten wir Gewichte
A la salle de gym... des sentiments
Im Fitnessstudio... der Gefühle
Tu fais des muscles... compliment
Du baust Muskeln auf... Kompliment
Etre moins cons mais comment
Weniger dumm sein, aber wie
Si tu me fais des compliments c'est que tu mens
Wenn du mir Komplimente machst, lügst du
Oui tellement cassés dedans comme dehors
Ja, so kaputt innen wie außen
Qu'on entendait "Rentre!" quand on nous disait "Sors!"
Dass wir "Rein!" hörten, wenn man uns "Raus!" sagte
Tellement mal
So schlecht ging es uns
Qu'on enviait le monde animal
Dass wir die Tierwelt beneideten
On était bas les pattes
Wir waren am Boden
On croyait être debout quand on marchait à quatre pattes...
Wir glaubten aufrecht zu stehen, wenn wir auf allen Vieren gingen...
Ali mangeait des madeleines à même le plastique
Ali aß Madeleines direkt aus der Plastikverpackung
On l'appelait Groquik
Man nannte ihn Groquik
J'insiste la colère un peu la haine
Ich betone, die Wut, ein bisschen der Hass
Moi j'étais un peu gros on m'appelait Baleine
Ich war ein bisschen dick, man nannte mich Wal
C'était tout qui n'allait pas dans nos cervelles de moineaux
Alles stimmte nicht in unseren Spatzenhirnen
Le nom, la famille, les yeux, la couleur de la peau
Der Name, die Familie, die Augen, die Hautfarbe
La vilenie nous allait comme un gant
Die Gemeinheit passte uns wie angegossen
On a fini brigands
Wir endeten als Banditen
Bon avec des noms de toutes sortes
Nun, mit Namen aller Art
Qui te suivaient jusqu'à la porte
Die dir bis zur Tür folgten
Je t'appelle pas je te tue! Voilà le vocabulaire
Ich rufe dich nicht, ich bringe dich um! Das war das Vokabular
Et t'étais mort avant d'être tombé par terre
Und du warst tot, bevor du zu Boden gefallen warst
Continuons l'introspection...
Setzen wir die Introspektion fort...
Proéminence nasale on t'appelait Gros Nez
Hervorstehende Nase, man nannte dich Großnase
Mauvaise haleine et ton surnom c'est Cabinet
Schlechter Atem und dein Spitzname ist Klo
Approche un peu ta bouche j'ai des besoins à faire
Komm ein bisschen näher mit deinem Mund, ich muss mal
Si tu ripostes je prends ta mère et t'as un petit frère
Wenn du dich wehrst, nehme ich deine Mutter und du kriegst einen kleinen Bruder
Pas de nom de code et déjà gamin
Kein Deckname und schon als Kind
On était sûrs qu'on était rien
Waren wir sicher, dass wir nichts waren
Et nom d'un chien c'est dans le genre animalier
Und potztausend, es war im tierischen Genre
Qu'on appelait son voisin de palier
Wie man seinen Nachbarn nannte
Ouoh! Ouoh! C'est le cri de Tarzan
Ouoh! Ouoh! Das ist der Schrei von Tarzan
Si t'es français on t'appelle paysan
Wenn du Franzose bist, nennt man dich Bauer
C'est les manouches qui ont décrété ça
Das haben die Manouches so bestimmt
Et les Jean-Claude se faisaient appeler Moussa
Und die Jean-Claudes ließen sich Moussa nennen
Ah! Les manouches c'étaient les plus forts
Ah! Die Manouches waren die Stärksten
A l'insulte y raflaient la médaille d'or
Im Beleidigen holten sie die Goldmedaille
Nous on se contentait de l'argent ou du bronze
Wir begnügten uns mit Silber oder Bronze
Fallait pas les contrarier les gonzes
Man durfte die Kerle nicht verärgern
Sinon un monticule vert et baveux
Sonst landete ein grüner, schleimiger Haufen
Atterrissait dans tes yeux
In deinen Augen
En secret dans nos petites têtes à claques
Heimlich, in unseren kleinen Watschengesichtern
On rêvait sans le dire de s'appeler Pierre ou Jacques
Träumten wir, ohne es zu sagen, davon, Pierre oder Jacques zu heißen
On était pas dans le moule
Wir passten nicht in die Form
Et sous la pomme d'Adam on avait pas deux mais quatre
Und unter dem Adamsapfel hatten wir nicht zwei, sondern vier
Boules
Kugeln
C'était le zoo et dans cet étrange jardin
Es war der Zoo, und in diesem seltsamen Garten
On disait pas bonjour en se serrant la main
Sagte man nicht Hallo und schüttelte sich die Hand
Et gare à celui qu'a les oreilles décollées
Und wehe dem, der abstehende Ohren hatte
On a dû déchirer ta mère quand t'es né
Man muss deine Mutter zerrissen haben, als du geboren wurdest
Les spécialistes étaient souvent de mèche...
Die Spezialisten steckten oft unter einer Decke...
T'es moche et tu joues au foot on t'appelle Rubesh
Du bist hässlich und spielst Fußball, man nennt dich Rubesh
Mais la race animale qui avait le pompon
Aber die Tierart, die den Vogel abschoss
Vous l'avez deviné c'était le mouton
Ihr habt es erraten, das war das Schaf
A cette époque dans le zoo y avait des filles... Déjà, pour les approcher, fallait être un peu fou, un peu en état d'urgence, tout ça à cause de leur frangin, de leur cousin, de leur voisin, de leur copain et de tous ceux qui se mêlaient de c'qui les regardait pas, c'est-à-dire tous. Donc on était qu'entre nous et on se payait le luxe de pas vouloir être pédé. Moi, je dis fallait le faire. Enfin bref, dans le zoo qu'on habitait, quand tu disais "j'suis amoureux" ça voulait dire que t'étais seul. Quand t'aimais une fille ça voulait surtout dire qu'une fille te détestait. Oui, oui! Ah, les filles de ma cité, elles nous regardaient, elles faisaient "bêêê!" écoeurées). On était juste bons à tondre.
Zu dieser Zeit gab es im Zoo Mädchen... Schon um sich ihnen zu nähern, musste man ein bisschen verrückt sein, ein bisschen im Ausnahmezustand, alles wegen ihres Bruders, ihres Cousins, ihres Nachbarn, ihres Freundes und all derer, die sich in Dinge einmischten, die sie nichts angingen, also alle. Also waren wir nur unter uns und leisteten uns den Luxus, nicht schwul sein zu wollen. Ich sage, das musste man erstmal schaffen. Kurzum, in dem Zoo, in dem wir wohnten, wenn du sagtest "Ich bin verliebt", bedeutete das, dass du allein warst. Wenn du ein Mädchen liebtest, bedeutete das vor allem, dass ein Mädchen dich hasste. Ja, ja! Ah, die Mädchen meiner Siedlung, sie sahen uns an, sie machten "Bäh!" (angewidert). Wir waren gerade gut genug zum Scheren.
C'est que, des cheveux, on en a jamais eu, nous. Des barbelés, du grillage, de la paille peut-être, mais des cheveux, non. Tellement sous pression, on pleurait du lait. Elles, dix ans, et déjà beaucoup trop grandes.
Denn Haare hatten wir nie, wir. Stacheldraht, Maschendraht, vielleicht Stroh, aber Haare, nein. So unter Druck, wir weinten Milch. Sie, zehn Jahre alt, und schon viel zu groß.
Elles avaient beau avoir le coeur comme l'acier
Sie mochten Herzen aus Stahl haben
Pour nous c'était un gâteau pâtissier
Für uns waren sie ein Konditorkuchen
Qu'on aurait croqué mais à l'âge idiot
Den wir gerne angebissen hätten, aber im dummen Alter
On se soucie pas des noyaux
Kümmert man sich nicht um die Kerne
On avait mal elles auraient pu être un vaccin
Wir hatten Schmerzen, sie hätten ein Impfstoff sein können
Pour nos petites têtes d'assassins
Für unsere kleinen Mörderköpfe
Mais on serait morts plutôt que de lâcher
Aber wir wären eher gestorben, als loszulassen
Les copains avec qui on était attachés
Die Kumpels, mit denen wir verbunden waren
Oui mourir plutôt que de lâcher des larmes
Ja, eher sterben, als Tränen zu vergießen
Pour moi vint la sonnette d'alarme
Für mich kam der Alarmruf
J'suis parti...
Ich bin gegangen...
J'suis parti j'ai défait mes chaînes, j'ai perdu mes amis.
Ich bin gegangen, habe meine Ketten gelöst, habe meine Freunde verloren.
Aujourd'hui
Heute
Pour pas qu'on appelle mon fils par un nom d'oiseau
Damit mein Sohn nicht mit einem Schimpfnamen gerufen wird
Je vais moi-même le chercher sous le préau.
Hole ich ihn selbst unter dem Pausendach ab.
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