Текст и перевод песни Silvio Rodríguez - Epistolario del Subdesarrollo

Epistolario del Subdesarrollo

No
No tengo que cerrar los ojos para ver
Para ver aquella tarde en que Noel y yo cantábamos
Y nos interrumpían pidiéndonos
Canciones de Manzanero
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
Para ver las servilletas del Hotel Nacional
Decorando el Congreso Cultural
Que las pusieron lindas casi psicodélicas y todo
Pero ahora se han descosido
Las puntas y ya no es fresco comer ahí
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
Para ver las medias de hilo tan mal hechas
Que se hacen las muchachas
Que no pueden ir a Londres a comprarlas
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
Para ver a los pobres muchachitos
Que arreglan como pueden sus pantalones
Y los convierten en campanas
Sordas o sórdidas
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
Lo mal que tiñen nuestros tintes
Que se le caen de la ropa a las muchachas
De cintas que quisieran ser tan brillantes
Como el eastman-color
Porque quien que haya visto
Juega de masacre no ama el color para siempre
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
No tengo que cerrar los ojos para ver
Lo que es nuestra moda a go-go
Nuestros peinados
Nuestros estilos de bailar siempre a la
Retaguardia de cualquier extranjero
No
No tengo que cerrar los ojos para ver
No tengo que cerrar los ojos para ver
Que nuestros jóvenes
Quieren esas cosas
Que para verlas tengo que cerrar los ojos
Y pensar el futuro
No tengo que cerrar los ojos para ver
No tengo que cerrar los ojos para verlos
Ahora a ustedes apenas dentro del pequeño espacio
De mi guitarra rompiéndose el alma y las manos
Para vivir en un país de buenas servilletas
Pantalones de campanas sonoras
Y colores que hagan palidecer a Europa
A Europa misma, sí
A Europa
¡No tengo que cerrar los ojos para ver!

Épistolier du sous-développement

Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Pour voir cet après-midi où Noel et moi chantions
Et que l'on nous interrompait en nous demandant
Des chansons de Manzanero
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Pour voir les serviettes de l'Hôtel Nacional
Décorer le Congrès culturel
Qu'elles avaient mises, jolies, presque psychédéliques et tout
Mais maintenant, elles sont décousues
Les pointes et il n'est plus frais d'y manger
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Pour voir les bas de fil si mal faits
Que se font les jeunes filles
Qui ne peuvent pas aller à Londres pour les acheter
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Pour voir les pauvres jeunes gens
Qui raccommodent comme ils peuvent leurs pantalons
Et les transforment en cloches
Sourdes ou sordides
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Comme teignent mal nos teintures
Qui tombent des vêtements des jeunes filles
De rubans qui voudraient être aussi brillants
Que l'eastman-color
Car qui a vu
Joue au massacre n'aime pas la couleur pour toujours
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Ce qu'est notre mode à gogo
Nos coiffures
Nos styles de danser toujours à la
Arrière-garde de n'importe quel étranger
Non
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Que nos jeunes
Veulent ces choses
Que pour les voir, je dois fermer les yeux
Et penser au futur
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour les voir
Maintenant à peine dans les limites de ma guitare
Brisant mon âme et mes mains
Pour vivre dans un pays de bonnes serviettes
De pantalons à jambes évasées et sonores
Et de couleurs qui fassent pâlir l'Europe
L'Europe elle-même, oui
L'Europe
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour voir !