Georges Brassens - L'Epave paroles de chanson

paroles de chanson L'Epave - Georges Brassens



J'en appelle à Bacchus, à Bacchus j'en appelle
Le tavernier du coin vient d'me la bailler belle
De son établissement j'étais l'meilleur pilier
Quand j'eus bu tous mes sous, il me mit à la porte
En disant "les poivrots, le diable les emporte"
Ça n'fait rien, il y a des bistrots bien singuliers
Un certain va-nu-pieds qui passe et me trouve ivre
Mort, croyant tout de bon que j'ai cessé de vivre
Vous auriez fait pareil, s'en prit à mes souliers
Pauvre homme, vu l'état piteux de mes godasses
Je doute qu'il trouve avec son chemin de Damas-se
Ça n'fait rien, il y a des passants bien singuliers
Un étudiant miteux s'en prit à ma liquette
Qui, à la faveur de la nuit lui avait paru coquette
Mais en plein jour ses yeux ont se dessiller
Je le plains de tout mon cœur, pauvre enfant, s'il l'a mise
Vu que, d'un homme heureux, c'était loin d'être la chemise
Ça n'fait rien, y a des étudiants bien singuliers
La femme d'un ouvrier s'en prit à ma culotte
Pas ça, madame, pas ça, mille et un coups de bottes
Ont tant usé le fond que, si vous essayiez
D'la mettre à votre mari, bientôt, je vous en fiche
Mon billet, il aurait du verglas sur les miches
Ça n'fait rien, il y a des ménages bien singuliers
Et j'étais tout nu, sur le bord du trottoir-e
Exhibant, malgré moi, mes humbles génitoires
Une petite vertu rentrant de travailler
Elle qui, chaque soir, en voyait une douzaine
Courut dire aux agents "j'ai vu quelque chose d'obscène"
Ça n'fait rien, il y a des tapins bien singuliers
Le représentant d'la loi vint, d'un pas débonnaire
Sitôt qu'il m'aperçut il s'écria "tonnerre
On est en plein hiver et si vous vous geliez"
Et de peur que j'n'attrape une fluxion d'poitrine
Le bougre, il me couvrit avec sa pèlerine
Ça n'fait rien, il y a des flics bien singuliers
Et depuis ce jour-là, moi le fier, le bravache
Moi, dont le cri de guerre fut toujours "mort aux vaches"
Plus une seule fois je n'ai pu le brailler
J'essaye bien encore, mais ma langue honteuse
Retombe lourdement dans ma bouche pâteuse
Ça n'fait rien, nous vivons un temps bien singulier



Writer(s): Georges Charles Brassens


Georges Brassens - Georges Brassens, vol. 9 : Supplique pour être enterré à la plage de Sète




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