Lyrics and translation Juliette - Sur l'oreiller (Live Théâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

Sur l'oreiller (Live Théâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

J'aurai beaucoup trop chaud peut-être
Il fera sombre, que m'importe
Je n'ouvrirai pas la fenêtre
Et laisserai fermée ma porte
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum Sur L'oreiller
Laissez-moi deviner
Ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps
Oh, la si fragile prison!
Il suffirait d'un peu de vent
Pour que les chères émanations
Quittent ma vie et mon divan
Tenez, voici, j'ai découvert
Dissimulées sous l'évidence
De votre Chanel ordinaire
De plus secrètes fulgurances
Il me faudrait les retenir
Pour donner corps à l'éphémère
Recomposer votre élixir
Pour en habiller mes chimères
Sans doute il y eut des rois
Pour vous fêter enfant
En vous disant "Reçois
Et la myrrhe et l'encens"
Les fées de la légende
Penchées sur le berceau
Ont fleuri de lavande
Vos yeux et votre peau
J'ai deviné tous vos effets
Ici l'empreinte du jasmin
Par là la trace de l'oeillet
Et là le soupçon de benjoin
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l'essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L'enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c'est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L'amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L'été sous la charmille
Et l'hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Pour retrouver dans mon soulier
Ma mandarine de Noël

Voici qu'au milieu des bouquets
De douces fleurs et de bonbons
S'offre à mon nez soudain inquiet
Une troublante exhalaison
C'est l'odeur animale
De l'humaine condition
De la sueur et du sale
Et du mauvais coton
Et voici qu'ils affleurent
L'effluve du trépas
L'odeur d'un corps qui meurt
Entre ses derniers draps

Avant que le Temps souverain
Et sa cruelle taquinerie
N'emportent votre amour ou le mien
Vers d'autres cieux ou d'autres lits
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Toute votre âme Sur L'oreiller

On the Pillow (Live Théâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

I may be much too hot
It will be dark, what do I care?
I won't open the window
And I will leave my door shut
I want to keep to die from it
What you have forgotten
On the remains of our desires
Your perfume On the pillow
Let me guess
These subtle scents
And roam my nose
Perfect inquisitor
There are flowers in you
That I don't know
And that jealously keep
The folds of my sheets
Oh, the so fragile prison!
Just a little bit of wind would be enough
For the dear emanations to
Leave my life and my couch
Here, this is it, I discovered
Hidden under the evidence
Of your ordinary Chanel
Of more secret flashes
I would have to keep them
To give the ephemeral a body
Recreate your elixir
To dress my chimeras in it
Undoubtedly, there were kings
To celebrate you as a child
Saying to you, "Receive
Myrrh and incense"
The fairies of the legend
Bent over the cradle
Bloomed with lavender
Your eyes and your skin
I have guessed all your effects
Here, the touch of jasmine
There, the trace of carnation
And there, the hint of benzoin
I could tell you about your childhood
It is in the essence of things
I know the perfume of holidays
In gardens covered with roses
A grandmother with jams
A good snack in the bag
Spicy brambles, sweet blackberries
Childhood is a tenacious perfume
All this sugar is you
All this sugar and honey
The sweetness of the roudoudou
The almond with caramel
The girls with vanilla
The boys with lemon
The summer under the arbour
And the winter with chestnuts
I would willingly take back
The dainties you conceal
To find again in my shoe
My Christmas mandarin

Here, in the middle of the bouquets
Of sweet flowers and sweets
Is suddenly offered to my worried nose
A disturbing exhalation
It is the animal smell
Of the human condition
Of sweat and dirt
And of bad cotton
And here they surface
The smell of passing
The smell of a dying body
Between its last sheets

Before Time, sovereign
And his cruel teasing
Carry away your love or mine
To other skies or other beds
I want to keep to die from it
What you have forgotten
On the remains of our desires
All your soul On the pillow