Paroles et traduction Juliette - Que Tal ? (Live Théâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

Que Tal ? (Live Théâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

Je veux mourir en me terrant
Loin des mamies de confiture
Vieillir avec des chiens errants
Dans quelque immonde coin de masure

Très loin des miroirs imbéciles
Écouter craquer mes vieux os
Et ma carcasse de fossile
Danser de pauvres vieux tangos

Rouler ma croupe de toupie
Mes rotules et mes guibolles
Pour jacasser avec les pies
Sur la place du Capitole

Mais quelques fois m'embijouter
Faire sonner le vieux métal
Pour un Goya discrédité
Qui voudra peindre son "¿ Que tal?"

Je veux vieillir en glapissant
Quelque chanson patriotique
Debout, martiale, sur les bancs
Avec les pigeons pour public

Avoir pour mains deux vieilles choses
Crochetées d'ongles terrifiants
Pour éventrer les ballons roses
Et faire pleurer les petits enfants

Perdre la tête et m'oublier
Raconter des je ne sais trop quoi
Des histoires de rats éborgnés
En regardant pousser mes doigts

Je veux vieillir en séduisant
Des maîtres-nageurs immatures
Blottir mon corps tout grelottant
Au fin-fond d'un lit d'aventure

Et puis m'emberlificoter
Dans une marée de jupons
Glousser des rires effrités
L'œil en dérive, le verbe abscons

Baiser des lèvres achetées
Pour faire croire à mon vieux cœur
Qu'on peut en toute impunité
Baver sur le sens des valeurs

Je veux vieillir en chevrotant
D'obscènes "Déshabillez-moi"
Vieillir en mots tout frémissants
Et qui vous glaceront d'effroi

Vieillir, je veux bien, mais en fuyant
Cette doucereuse légende
De thym, de pendule d'argent
Et puis de propre et de lavande

Flamber l'argent de ma retraite
Jouer beaucoup sur un "impair"
Pour me réjouir de la tête
Que vous ferez chez le notaire

Je veux vieillir en minaudant
Coquette, même si ça fait mal
Courir le monde en me traînant
Plutôt que d'être à l'hôpital

Je veux vieillir en ouragan
Avant que tout ne soit foutu
Vieillir en termes trépidants
Avant que de n'exister plus

Parce que quand l'heure aura sonné
De vous habiller de grand deuil
Dites-vous bien, mes tant aimés,
Que je serai pas fière, dans mon cercueil

How Are You? (LiveThéâtre d'Ivry - TLP Dejazet 1991)

I want to die in hiding
Far from grandmas with jam
To grow old with stray dogs
In some filthy corner of a hovel

Far from those silly mirrors
To hear my old bones crack
And my fossil carcass
Dancing some poor old tangos

To roll my spinning top, my rump
My kneecaps and my legs
To chatter with the magpies
In the place of the Capitol

But sometimes, I want to adorn myself
To make the old metal ring
For a discredited Goya
Who will want to paint his "¿ Que tal?"

I want to age, baying
Some patriotic song
Standing, martial, on the benches
With pigeons as my audience

To have two old things for hands
Hooked with terrifying fingernails
To gut the pink balloons
And make the children cry

To lose my mind and forget myself
To tell something or other
Stories of one-eyed rats
While watching my fingers grow

I want to grow old by seducing
Immature lifeguards
To cuddle my shivering body
In some adventure's depths

And then to get entangled
In a tide of petticoats
To cackle crumbled laughs
Eye adrift, word abstruse

To kiss the lips that have been bought
To make my old heart believe
That one can, with impunity
Drool over the meaning of values

I want to grow old, bleating
Obscene "Strip for Me"
To grow old in trembling words
And that will freeze you with horror

I want to grow old, but fleeing
This sugary legend
Of thyme, of silver clock
And of clean and lavender

To burn the money of my retirement
To bet a lot on an "odd"
To rejoice in the face
That you will make at the notary

I want to grow old, mincing
Coquette, even if it hurts
To run the world by dragging myself
Rather than being in a hospital room

I want to grow old as a hurricane
Before everything is screwed up
To grow old with thrilling words
Before ceasing to exist

Because when its time has come
To dress in deep mourning
Tell yourselves well, my beloved souls,
That I will not be proud, in my coffin