Paroles et traduction Juliette - Sur l'oreiller (Live salle Gaveau, Paris / 1997)

Sur l'oreiller (Live salle Gaveau, Paris / 1997)

J′aurai beaucoup trop chaud peut-être
Il fera sombre, que m'importe
Je n′ouvrirai pas la fenêtre
Et laisserai fermée ma porte
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum Sur L'oreiller
Laissez-moi deviner
Ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps
Oh, la si fragile prison!
Il suffirait d'un peu de vent
Pour que les chères émanations
Quittent ma vie et mon divan
Tenez, voici, j′ai découvert
Dissimulées sous l′évidence
De votre Chanel ordinaire
De plus secrètes fulgurances
Il me faudrait les retenir
Pour donner corps à l'éphémère
Recomposer votre élixir
Pour en habiller mes chimères
Sans doute il y eut des rois
Pour vous fêter enfant
En vous disant "Reçois
Et la myrrhe et l′encens"
Les fées de la légende
Penchées sur le berceau
Ont fleuri de lavande
Vos yeux et votre peau
J'ai deviné tous vos effets
Ici l′empreinte du jasmin
Par là la trace de l'oeillet
Et là le soupçon de benjoin
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l′essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L'enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c'est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L′amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L′été sous la charmille
Et l'hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Pour retrouver dans mon soulier
Ma mandarine de Noël

Voici qu′au milieu des bouquets
De douces fleurs et de bonbons
S'offre à mon nez soudain inquiet
Une troublante exhalaison
C′est l'odeur animale
De l′humaine condition
De la sueur et du sale
Et du mauvais coton
Et voici qu'ils affleurent
L'effluve du trépas
L′odeur d′un corps qui meurt
Entre ses derniers draps

Avant que le Temps souverain
Et sa cruelle taquinerie
N'emportent votre amour ou le mien
Vers d′autres cieux ou d'autres lits
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Toute votre âme Sur L′oreiller

On the Pillow (Live Gaveau Hall, Paris / 1997)

I will be too hot, maybe
It will be dark, that doesn't matter
I won't open the window
And I will keep my door shut
I want to hold onto it for dear life
That which you have forgotten
On the ruins of our desires
Your scent On the Pillow
Let me guess
These subtle odors
And lay my nose into them
Perfect inquisitor
There are flowers in you
That I do not know
And that the folds of my sheets
Guard jealously
Oh, such a fragile prison!
A little wind would suffice
For the dear emanations
To leave my life and my couch
Here, see, I have discovered
Hidden under the obvious
Of your ordinary Chanel
More secret brilliance
I must hold onto them
To give life to the ephemeral
To recreate your elixir
To clothe my chimeras in it
No doubt there were kings
To celebrate you as a child
Saying to you "Accept
Both myrrh and incense"
The fairies of legend
Bent over the cradle
Have flowered in lavender
Your eyes and your skin
I have guessed all your potions
Here the mark of jasmine
Over there the trace of carnations
And there a hint of benzoin
I could tell your childhood
It is in the essence of things
I know the scent of vacations
In gardens covered with roses
A grandmother making jams
A nice snack in my satchel
Prickly brambles, sweet blackberries
Childhood is a tenacious scent
All that sugar is you
All that sugar and that honey
The sweetness of the lollipop
The almond in caramel
Girls with vanilla
Boys with lemon
Summer under the summerhouse
And winter under chestnuts
I would gladly retake
Some of the dainties that you hide
To find in my shoe
My Christmas mandarin

Here, in the midst of bouquets
Of sweet flowers and candies
A troubling exhalation suddenly presents itself
to my worried nose
This is the animal odor
Of the human condition
Of sweat and filth
And of bad cotton
And here they appear
The smell of death
The odor of a body that dies
Between its last sheets

Before Time the sovereign
And his cruel teasing
Take away your love or mine
To other skies or other beds
I want to hold onto it for dear life
That which you have forgotten
On the ruins of our desires
All your soul On the Pillow