paroles de chanson Anthropophagiquement vôtre - Les Freres Jacques

Anthropophagiquement vôtre (Francis Mainville)
On était onze, plus le couteau
Perdus en mer sur un radeau
Mourant de faim depuis quinze jours
Tous surs et sains, mais pris de court
Final′ment Paul pris la parole
Avec beaucoup de ménagements
Pour nous dire qu'il fallait qu′on immole
L'un de nous pour sauver le restant
Tous les autres fûrent unanimes
Pour trouver qu'il avait raison
Que son sacrifice était sublime
Er qu′on étouffait d′émotion.
Mes p'tits enfants répond le gars
Je n′ai pas dis que ce s'rait moi
Moi je n′ai fais que suggérer
Mais j'y trouve pas mon intérêt
On demanda un volontaire
Mais nous étions si abattus
Si distraits si absents aux misères
Que l′idée passa inaperçue
On parla d'ordre alphabétique
Mais Albert me mit à crier
Tell'ment fort que nous crûmes plus pratique
De faire appel au plus âgé.
Edgar avait soixante dix ans
Très long très mince peu abondant
Il nous répond avec raison
Attention à la digestion
On se tourna vers le plus jeune
Qui était tremblant d′émotion
Dans leurs rêves les plus gourmands déjeunent
Les autres prennent une légère collation
Mais le môme leur dit: c′est atroce
Vous n'voulez pas du vieux d′accord!
Mais alors épargnez donc les gosses
Je propose le tirage au sort, (C'est d′accord)
Pomme de reinette et pomme d'api
Et tapis rouge, souvenir maudit
Nous voilà donc en plein dans l′drame
Et pic et pic et collé gram
A partir de là tout s'enchaine
Avec l'implacable rigueur
Des cruelles tragédies anciennes
Qui jadis nous glaçaient d′horreur
Et plus d′un a quitté sa vie
Au moment même précisément
Où il prenait gout oh ironie
A ce nouveau genre d'aliment
On était onze, le compte est net
On reste quatre il en manque sept
Qu′en avions nous à référer
Le drame était bien consommé
Mais après un pareil voyage
On subit une évolution
On commence à goûter davantage
La présence d'un bion compagnon (miam miam miam)
Quand la solitude nous accable
On soupire et l′on se souvient
Avec émotion de ses semblables
Et c'est p′et' çà l'amour du prochain!