Paroles et traduction Lucio Bukowski - D'un blues l'autre

D'un blues l'autre

Ces derniers temps, j'vois tout en gris, le monde autour n'est qu'une lithographie
Les démons écrasent les saints, l'époque fait sa mammographie
L'esprit épris des pires doutes, j'évite les regards des gens
Et puis épuise mes dix roubles bien à l'écart des genres
Métropolitain vers mes esquisses de vie
J'en ferai p't-être des toiles ou bien des disques de rimes
Le cœur se tait puisque l'amour a avalé sa langue
La bouche sèche, mon espoir n'est qu'un marais salant
On vise toujours autre chose et on s'y pète les dents
Il n'y a qu'des fragments d'os dans la chair des gens
Et on avance ainsi en terre adulte
Laissant derrière la jeunesse que nos pertes adulent
Pas de magie, j'ai abattu la mauvaise carte
La joue sur le tapis, j'ai mangé la mauvaise tarte
Le dos en pièce, j'ai limité la fuite
Il me faudra une nouvelle prod pour éviter la cuite

J'ai perdu quelque-chose entre ici et là
J'attends, mais toujours pas de signe, hélas

Pendant qu'le temps fait son affaire
Des vies contre des vies, les nôtres ne sont que passagères
Logique, il paraît que c'est la place du mort
Et nos villes sont désertes comme la glace du Nord
Bienvenue dans mon isba
Sûrement qu'j'me fais des films, pourtant, je ne réalise pas
Sorte de dernier romantique comme Eugène Delacroix
Mélancolie me colle à l'âme, un peu comme de la poix
D'un blues l'autre, je n'suis qu'un torrent ivre
L'amour et l'écriture: mes trop rares moments libres
Loyer, factures, bouquins épuisent le peu d'ma paye
Ma plume vise le haut, elle n'est qu'un jeu d'marelle
Parti à la recherche de c'que l'existence donne
De retour sans or et moitié mort comme Jack London
N'ai croisé que l'illusion en guise de père du temple
Me dissolvant lentement dans le scorbut de l'ère du temps

J'ai perdu quelque-chose entre ici et là
J'attends, mais toujours pas de signe, hélas

From One Blues to Another

Lately, I see everything in gray, the world around me is just a lithograph
Demons crush the saints, the era performs its mammography
My mind is plagued with terrible doubts, I avoid people's gazes
And then I exhaust my ten rubles well away from the genres
Subway to my life's sketches
Maybe I'll turn them into paintings or albums of rhymes
My heart is silent since love swallowed its tongue
My mouth is dry, my hope is just a salt marsh
We always aim for something else and break our teeth on it
There are only bone fragments in people's flesh
And so we advance into adulthood
Leaving behind the youth that our losses idolize
No magic, I drew the wrong card
My cheek on the carpet, I ate the wrong pie
My back in pieces, I limited my escape
I will need a new production to avoid drinking myself into oblivion

I lost something between here and there
I wait, but still no sign, alas

As time does its thing
Lives for lives, ours are just passing through
It's logical, they say it's the place of the dead
And our cities are deserted like the ice of the North
Welcome to my izba
Surely I'm making things up, yet I don't realize it
A sort of last romantic like Eugène Delacroix
Melancholy sticks to my soul, like pitch
From one blues to another, I'm just a drunken torrent
Love and writing: my rare moments of freedom
Rent, bills, books exhaust my meager pay
My pen aims high, it's just a hopscotch game
I set out in search of what existence gives
I return without gold and half-dead like Jack London
I met only illusion as the father of the temple
Slowly dissolving in the scurvy of the present era

I lost something between here and there
I wait, but still no sign, alas