Bernard Lavilliers - Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent? / Christ En Bois текст песни
Bernard Lavilliers Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent? / Christ En Bois

Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent? / Christ En Bois

Bernard Lavilliers


Текст песни Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent? / Christ En Bois - Bernard Lavilliers




Tout est affaire de décor
Changer de lit, changer de corps
À quoi bon puisque c′est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
j′ai cru trouver un pays
Coeur léger, coeur changeant, coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours?
Que faut-il faire de mes nuits?
Je n'avais amour, ni demeure
Nulle part je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent?
C′était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d′épaule
Le pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C′était de n'y comprendre rien
Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d′hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais de m'allonger près d′elle
Dans les hoquets du pianola
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent?
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons, des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke
Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle offrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent?
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du Rimmel à tes cils
Lola tu t′en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus?
Bon guieu, la sale commune
À ce souèr, parsounne a voulu m′ar'cevouér
Poue que je me gîte ou que je me cache
Dans la paille, à couté de ses vaches
Et, c′est poure ren que j'ai tiré
Le cordon de sounnette à ton curé
Et que j′ai cougné cheu tes déviotes
Celles qui bredouillent des pate nôtres
Pour entrer dans ton Paradis
Se ment pas un quignon de pain rassis
À me fourrer en travers de la goule
Ils le gardent pour jiter à leurs poules
Et, c'est pour ça que j′attends veni demain
Au bas de toué, sur le rabôrd du chemin
En haut du talus, sous le vent de bise
Qu'ébranle les grands bras de ta crouéx grise
Qui pince fort le salaud
Et je sens mon nez qui fond en ieau
Et tous mes membres qui guerdillent
Et mon cul gelé sous mes guenilles
Mais, tu t'en fous, toué, que je fasse frouéd
T′as le cul, t′as le coeur, t'as tout en boués
le Christ
T′entends–t–y mes boyaux
Chanter la chanson des moignieaux
Qui demandent à picoter quelque chose?
le Christ
T'entends–t–y que je te cause
Et que je te dis que j′ai–z–une faim de voleux?
Tellement que si, par devant nous deux
Y passait quelqu'un sue la route
Pour un million coumme pour une croute
Je crois ben que je ferais un mauvais coup
Tout ça, c′est bien, mais c'est point tout
Après, c'est en Cour d′assises
Que je te retrouverais et, quoué que je dise
Les effets que ça produit et les idées que ça donne
D′avoir point à bouffer
Les juges ils vourin ren entendre
Car c'est des gens qui sont pas tendres
Pour les ceusse qu′a pas de position
Y me ratteraient pas, les cochons
Et tu serais plus cochon que mes juges
Toué qui me v'oués guerdillant et sans refuge
Tu ferais pas une démarche pour moué
T′as le cul, t'as le coeur, t′as tout en bois
L'autre, le vrai Christ, le bon je teux de sôrts
Qu'était si bon qu′il en est mort
Me voyant comme ça guerdillant à cette place
M′aurait dit: couche sur ma paillasse
Me voyant coumme ça querver de faim
Il m'aurait dit: coupe–toué du pain
Gn′en a du tout frés dans ma huche
Pendant que je vas te tirer une cruche
De vin nouvieau à mon poinson
T'as drouét coumme tout le monde au gueule ton
Pisque le souleil fait pour tout le monde
Veni du grain de blé la mouésson blonde
Et la vendange des sâs tortus
Si, condamné, il m′avait vu
Aux juges, il aurait dit: mes frères
Qu'il y jette donc la première pierre
C′ti de vous qui n'a jamais fauté
Mais, toué que les curés ont planté
Et qui trône cheu les gens de justice
T'es ren qu′un mannequin au service
Des riches qui te fouttent au coin de leurs biens
Pour effrayer les pauvres moignieaux du chemin
Que je soummes, et c′est pour ça que la bise grande
Te foute à bas Christ ede contrebande
Christ de l'Église, Christ de la Loué
Qu′as tout, de partout, qu'as tout en boués



Авторы: Léo Ferré, Louis Aragon


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