Текст и перевод песни Edith Piaf - Les deux ménestriers

Les deux ménestriers

Sur les noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Par le royaume des morts
Vont deux blancs ménétriers.
Ils vont un galop d'enfer,
Tout en raclant leur crincrin
Avec des archets de fer,
Ayant des cheveux pour crin.
Au fracas des durs sabots,
Au rire des violons,
Les morts sortent des tombeaux.
Dansons et cabriolons!

Et les trépassés joyeux
S'en vont par bonds et soufflant,
Avec une flamme aux yeux,
Rouge dans leurs crânes blancs.
Et les noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers
Font halte et voici qu'aux morts

Parlent les ménétriers:

Le premier dit, d'une voix
Sonnant comme un tympanon:
"Voulez-vous vivre deux fois?
Venez, la Vie est mon nom!"
Et tous, même les plus gueux
Qui de rien n'avaient joui,
Tous, dans un élan fougueux,
Les morts ont répondu: "Oui!"

Alors l'autre, d'une voix
Qui soupirait comme un cor,
Leur dit: "Pour vivre deux fois,
Il vous faut aimer encor!
Aimez donc! Enlacez-vous!
Venez, l'Amour est mon nom!"
Mais tous, même les plus fous,
Les morts ont répondu: "Non!"

Et leurs doigts décharnés,
Montrant leurs cœurs en lambeaux,
Avec des cris de damnés,
Sont rentrés dans leurs tombeaux.
Et les blancs ménétriers
Sur leurs noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Ont laissé dormir les morts.

The Two Minstrels

On black horses without bits,
Without saddle and without stirrups,
Through the realm of the dead
Go two white minstrels.
They go a galloping hell,
All while scraping their crincrin
With iron bows,
Having hair for horsehair.
At the crash of the hard hooves,
At the laughter of the violins,
The dead come out of the tombs.
Let us dance and caper!

And the merry dead ones
Go by leaps and puffs,
With a flame in their eyes,
Red in their white skulls.
And the black horses without bits,
Without saddle and without stirrups
Stop, and behold, to the dead

The minstrels speak:

The first says, in a voice
Sounding like a tympan:
"Do you want to live twice?
Come, Life is my name!"
And all, even the poorest
Who had enjoyed nothing,
All, in a fiery burst,
The dead have replied: "Yes!"

Then the other, in a voice
That sighed like a horn,
Says to them: "To live twice,
You must love again!
Love then! Embrace!
Come, Love is my name!"
But all, even the maddest,
The dead have replied: "No!"

And their fleshless fingers,
Showing their torn hearts,
With the cries of the damned,
Have returned to their tombs.
And the white minstrels
On their black horses without bits,
Without saddle and without stirrups,
Have let the dead slumber.