Текст песни Le laboureur et ses poteaux - Les Goristes

De 'tit Jean d'la Source: le laboureur et ses poteaux

Le laboureur, un ancien paysan et creuseur de sillons
L'dimanche soir dans les bals de la région
(Tu vois c'que j'veux dire)
Décida de prendre sa retraite
Parce que son soc était complètement rouillé
Donc plus moyen d's'en servir
Il s'installe à Recoucou où il est dev'nu bénévole
Dans le patro laïque du coin

Sa première passion, c'est son p'tit jardin à Keroual
Pour planter quelques p'tites patates
Et autres agrumes de même calibre
Son deuxième violon, complètement dingue
C'est la pêche aux ormeaux
Sur la digue au port de co

Dans l'quartier, on l'surnomme la Bourrée
Parce qu'il taille souvent en riboul
Avec ses kilbus dans ses sacoches à vélo
Et là, évidemment, tout l'monde chantait
"La Bourrée, la Bourrée, hé, la Bourrée, la Bourrée, hé"
Remarque, ses copains d'piste étaient pas mal non plus
Ils avaient tous des clingues en capote de fiacre
Donc ils marchaient sur leurs paupières direct
Et ils taillaient tous à la dreuz, en vrac complet
Des pistards, mais sympa quand même, quoââ

Hé, ho, mat'lot, depuis pas mal de s'maines
On n'voyait plus le sillonneur
Ouais, tu parles, il était resté cloué dans son plume
À cause d'avoir attrapé un courant d'air
Et voyant son arme passer à gauche, alors qu'il est droitier
Il se dit "Oh, nom d'un chien, j'commence à sentir l'sapin"
Et en flux, y avait dans le coin d'sa chambre
L'Ankou, qui attendait impatiemment
Qu'on vienne surtout ouvrir la porte
Parce que le pli d'son dos était coincé dans l'chambranle
Complètement cinglé

Comme je disais, il allait passer sa vie à Trépas-là
Un petit village où tous les belous ont le prénom d'Jean
Jean Trépas-là, vaouh
Dans c'bled, vivait un toubib sorcier
Qui avait vécu dans les DOM et TOM
Qui lui prescrivit de bouffer en pagaille
Ses patates ou ses ormeaux
Et qu'il serait guéri tout de suite, tac, au poil

Ni une ni deux, l'appel au peuple
Il convoque ses vieux copains
Et trois jeunes qu'il avait entraînés au lendit
Pour la fête de la jeunesse
Dans les années 60 à Menez Paul
Allez les poteaux, au turbin! Suez comme des vaches
Et ram'nez-moi autant d'ormeaux que de patates
Au fond du filet, et comme ça, je s'rai sauvé

Le hic, c'est qu'son jardin était resté en friche
Depuis un moment
Et ses vieux potes avaient beau creuser, creuser, creuser
Tiens, que nib, que dalle, walou
Que tchi dans la rouille, que couic
Autant l'dire tout d'suite: rideau, foie d'veau
Tintin, quoââ

Par contre, les jeunots n'sont pas restés
Comme des tacauds dans la vase
Ils ont ramené vachement d'ormeaux
Que le laboureur s'empressa de griller
Un p'tit aller-retour sur la poêle avec un p'tit peu d'persil
Et d'l'ail pour l'haleine fraîche, quoââ
Un bonheur tout simple

Sur l'champ (normal pour un ancien paysan), il fut guéri
Donc baisé-biel pour la faucheuse
Qui s'en alla à toute berzingue en tutu et en rollers
Complètement dépitée, écoeurée
Et l'pli d'son dos en lambeaux

Moralité
Faut mieux avoir des camarades jeunes
Que des potes âgés
Allez, salut les poteaux