paroles de chanson La grasse matinée - Marianne Oswald
Il
est
terrible
Le
petit
bruit
de
l'oeuf
dur
cassé
sur
un
comptoir
d'étain
Il
est
terrible
ce
bruit
Quand
il
remue
dans
la
mémoire
de
l'homme
qui
a
faim
Elle
est
terrible
aussi
la
tête
de
l'homme
La
tête
de
l'homme
qui
a
faim
Quand
il
se
regarde
à
six
heures
du
matin
Dans
la
glace
du
grand
magasin
Une
tête
couleur
de
poussière
Ce
n'est
pas
sa
tête
pourtant
qu'il
regarde
Dans
la
vitrine
de
chez
Potin
Il
s'en
fout
de
sa
tête
l'homme
Il
n'y
pense
pas
Il
songe
Il
imagine
une
autre
tête
Une
tête
de
veau
par
exemple
Avec
une
sauce
de
vinaigre
Ou
une
tête
de
n'importe
quoi
qui
se
mange
Et
il
remue
doucement
la
mâchoire
Doucement
Et
il
grince
des
dents
doucement
Car
le
monde
se
paye
sa
tête
Et
il
ne
peut
rien
contre
ce
monde
Et
il
compte
sur
ses
doigts
un
deux
trois
Un
deux
trois
Cela
fait
trois
jours
qu'il
n'a
pas
mangé
Et
il
a
beau
se
répéter
depuis
trois
jours
Ça
ne
peut
pas
durer
ça
dure
Trois
jours
Trois
nuits
Sans
manger
Et
derrière
ces
vitres
Ces
pâtés
ces
bouteilles
ces
conserves
Poissons
morts
protégés
par
les
boîtes
Boîtes
protégées
par
les
vitres
Vitres
protégées
par
les
flics
Flics
protégés
par
la
crainte
Que
de
barricades
pour
six
malheureuses
sardines...
Un
peu
plus
loin
le
bistrot
Café-crème
et
croissants
chauds
L'homme
titube
Et
dans
l'intérieur
de
sa
tête
Un
brouillard
de
mots
Un
brouillard
de
mots
Sardines
à
manger
Oeuf
dur
café-crème
Café
arrosé
rhum
Café-crème
Café-crème
Café-crime
arrosé
sang!...
Un
homme
très
estimé
dans
son
quartier
A
été
égorgé
en
plein
jour
L'assassin
le
vagabond
lui
a
volé
Deux
francs
Soit
un
café
arrosé
Zéro
franc
soixante-dix
Deux
tartines
beurrées
Et
vingt-cinq
centimes
pour
le
pourboire
du
garçon.
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